Professeure de mathématiques en collège et mère de famille, une habitante d’Habère-Poche, qui souhaite rester discrète, raconte son quotidien avec le confinement.
Comment s’organise votre travail en cette période ?
Je n’ai pas d’élèves en face à face. C’est un travail uniquement en numérique. Donc il n’y a plus de contact humain en direct. De plus il faut concilier la présence des enfants et le travail.
Quels sont les points positifs et les inconvénients ?
Enseigner en numérique m’oblige à chercher davantage de ressources qui peuvent me remplacer. Par exemple des vidéos, des sites qui proposent des exercices en ligne. Dans les inconvénients, je passe une grande partie de la journée devant un écran et je n’ai pas de nouvelles de certains élèves et de leurs familles.
Est-ce que cela change quelque chose dans les rapports humains ?
Oh que oui ! Une collègue de travail m’a fait remarquer que dans le mot «apprentissage», il y avait le mot «apprendre» et «tissage». L’enseignement est une interaction constante entre l’enseignant et l’apprenant. Dans le cas de l’enseignement à distance que l’on pratique actuellement, cette distance est contraignante. On n’arrive pas à ressentir si ce qu’on leur enseigne est compris ou pas. Mais on prend plus régulièrement des nouvelles des collègues. Les élèves et les parents sont sensibles à la situation, on reçoit plus de mots d’encouragements, de remerciements.
Quels aménagements sont nécessaires pour travailler chez soi ?
Il m’a fallu faire de la place sur mon bureau pour éviter des mélanges de documents. Apprendre à partager l’ordinateur familial et m’obliger à arrêter de travailler à certains moments pour préserver une vie de famille.
Y a-t-il une organisation spéciale avec vos enfants ?
La matinée est réservée uniquement pour le travail scolaire de mes trois enfants. Je suis à disposition pour répondre à leurs questions, imprimer des documents, réexpliquer une consigne, faire apprendre une leçon… et j’essaie de jongler avec la préparation du déjeuner. Mes enfants sont de grands lecteurs donc dès qu’ils ont un moment, ils lisent, ils savent s’occuper seuls. J’arrive à m’octroyer quelques moments de tranquillité pour travailler mais je travaille principalement le soir quand il n’y a plus de sollicitation. Je les encourage à cuisiner pour me soulager.