La gangrène de la drogue s’étend sur toute la France
Cavaillon, Valence, Villerupt, Mersac, Le Creusot ou encore Orléans : le trafic de drogue et les fusillades à l’arme lourde souvent mortelles n’explosent plus seulement dans les grandes agglomérations comme Paris, Lyon ou encore Marseille. Ce phénomène devient monnaie courante dans les villes, les zones urbaines dites moyennes.
Dans les pays de Savoie, on pourrait citer en exemple Chambéry dernièrement, assez régulièrement Albertville ou encore Annecy, toutes des villes moyennes et toutes victimes des stupéfiants et des violences associées. Sans parler des stations de ski et des frontières.
Des violences là aussi en augmentation quant à leur qualification. D’une bagarre à un règlement de compte : tabassage, coups de couteau… on est passé aux tirs par balle à l’arme lourde, ou encore à la guérilla urbaine. En plein jour, en pleine rue, dans les bars, en plein centre-ville et plus seulement dans les quartiers. Avec des victimes collatérales de plus en plus fréquentes.
Selon les informations du ministère de l’Intérieur, la France est émaillée de plus de 4 000 points de deal. Alors finies les petites villes, les petites agglomérations tranquilles.
À tout cela plusieurs raisons : quantités et ventes de drogues qui augmentent sur le territoire, hausse de la consommation, forces et interventions de police et de gendarmerie moins importantes dans les villes moyennes.
Ce qui explique un tel phénomène
L’augmentation de la production et de la disponibilité
« La production mondiale de produits stupéfiants augmente régulièrement. Ces trafiquants-là cherchent à écouler leur marchandise le plus possible, et sur toute l’étendue du territoire national », explique Frédéric Vaux, directeur de la police nationale, sur franceinfo.
Un des points qui éclairent le phénomène récent. En 2022, on a atteint des records en matière de saisie de drogues avec 66 tonnes interceptées (la partie visible…). Ce qui explique que pour écouler de telles quantités de stupéfiants, il faut élargir le marché. Et il y a des consommateurs partout et de plus en plus.
Le manque de forces et de moyens de dissuasion dans les villes moyennes
Partout et pour les trafiquants les villes et zones urbaines et touristiques moyennes sont une aubaine. Et c’est le deuxième point d’explication. Ces secteurs sont encore moins soumis à la présence des forces de l’ordre, aux contrôles, aux démantèlements. Ce sont alors de vastes espaces où l’on peut développer des réseaux, des points de deal, trouver des consommateurs. Tout cela avant qu’on subisse aussi les foudres des autorités et de la justice. Sachant qu’il faut ensuite des mois voire des années pour parvenir à démanteler ces organisations.
On peut dire que le phénomène des grandes villes se déplace progressivement. Comme c’est le cas pour la prostitution, pour les cambriolages, etc.
« Ce que je dis à l’État depuis maintenant plusieurs années, c’est (qu’il y a) une véritable faillite de l’ordre public avec des effectifs insuffisants sur la voie publique pour maintenir l’ordre. Les stups font leur travail, la police judiciaire fait son travail. Mais quand des réseaux sont démantelés et que des gens sont envoyés en prison, d’autres bandes viennent en lutte pour reprendre le territoire », explique à RMC, Nicolas Daragon, le maire LR de Valence. « Il faut des opérations de police très régulières pour déstabiliser les réseaux. »
Ajoutant : « Les élus locaux ont longtemps pensé qu’on pouvait acheter la tranquillité publique en laissant les petits points de deal ’pépère’. Mais 20 ans plus tard, ils récoltent le chaos. On est passé dans une autre dimension. C’est la génération kalachnikov qui prend le pouvoir. Et on a aussi l’arrivée massive de la cocaïne qui a envahi les villes et maintenant les zones rurales ».
La consommation en hausse
Un dernier point qui est la troisième explication : la consommation en hausse constante. Et l’argent que cela représente. la cocaïne étant aujourd’hui un des fers de lance de cette économie des stupéfiants. « Cette cocaïne rapporte plus d’argent et hystérise la concurrence entre les voyous parce que la manne est importante », explique au micro de BFMTV, le journaliste Frédéric Ploquin, spécialisé dans le grand banditisme.
Face à cette extension des phénomènes liés à la drogue, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l’arrivée dans les villes moyennes de 500 policiers à partir du mois de septembre. Qui en bénéficiera, on ne sait…