Depuis quelques années, des collectifs visant à la protection des arbres se sont consitués dans la région de Chambéry et Aix-les-Bains. Si cette préoccupation n’est pas nouvelle chez les Savoyards, le réchauffement climatique et l’importance des arbres dans ce cadre semble avoir gagné en importance ces dernières années : « À force d’éduquer, de renseigner, d’alerter, il y a une prise de conscience, assure Jocelyn Dieudonné, référent local du groupe nationale de surveillance des arbres (GNSA). Quand on explique les bienfaits de l’arbre, notamment avec le réchauffement climatique, on peut rassembler 20 à 30 personnes en une demi-heure pour protéger un arbre. »
Ce passionné a rejoint le GNSA à sa création, en 2020 : « Depuis 2012, j’avais prévu de créer un comité de défense des arbres. Je suis allé voir ce que c’était le GNSA, et je me suis dit que j’avais un outil et que ce n’était pas la peine d’en créer un nouveau ! » Jocelyn Dieudonné reçoit des alertes de Chambéry, d’Aix-les-Bains, d’Annecy, d’Albertville... « Au conseil administratif du GNSA, on m’épargne sinon je pèterais un câble ! Mais quand ce sont des cas urgents ou de grands arbres, c’est pour moi. Je guide les gens pour voir si toutes les règles sont bien respectées. »
Pour Gisèle Coupard, membre du collectif Nature en Ville qui œuvre surtout à Chambéry, « il y a une prise de conscience, notamment de la part des jeunes, des étudiants. Ça concerne leur avenir, par rapport au climat, les jeunes se mobilisent. Avec ce qui nous pend au nez, il faut... » L’action de ce collectif remonte à 2017 ou 2018, lorsque des habitants se sont mobilisés pour protéger des platanes du boulevard de la Colonne. Le groupe s’est intéressé à d’autres affaires, jusqu’à prendre en 2021 sa forme actuelle.
« S’il n’y a plus d’arbres, on n’y sera plus non plus »
Au cœur de ces mobilisations, il y a la conscience des bienfaits apportés par les arbres, avec d’abord évidemment la production d’oxygène. Mais, expliquent Jocelyn Dieudonné et Gisèle Coupard, leur rôle ne s’arrête pas là, surtout en ce qui concerne les arbres les plus anciens. « Sur la place du palais de justice de Chambéry, on a coupé tous les arbres, raconte Gisèle. En été, on ne peut pas y rester, il n’y a personne. Là où il n’y a pas d’arbres, la température monte ! C’est un régulateur de l’air, du bien-être des gens. » Jocelyn, de son côté, qualifie les arbres de « climatiseurs » : « les plus gros arbres peuvent rejeter 300 litres d’eau par jour en évapotranspiration. Ça peut même aller jusque 500 litres par jour ! »
Pour ces deux militants, il faut privilégier les arbres les plus anciens car les plus jeunes ne sont pas encore capables de les remplacer : « Si on veut retrouver les mêmes effets qu’un arbre mature, de 70 ans, il faudrait planter beaucoup plus de jeunes arbres », commence le référent du GNSA. Pour Gisèle Coupard, il n’est même pas sûr que les jeunes arbres, plus fragiles, se développent aussi bien que leurs aînés avec le changement du climat, et « s’il n’y a plus d’arbres, on n’y sera plus non plus ».
Que la raison de la coupe soit une maladie, un danger ou un projet d’aménagement, les réglementations avant de couper un arbre sont très précises. Quand une mairie prévoit un abattage, un décret doit être prononcé. Des autorisations préfectorales sont également nécessaires suivant les différents cas. S’il s’agit d’une raison sanitaire, la mairie doit fournir un bilan dressé par un expert que la préfecture étudie pour ensuite l’avaliser. Ces règles valent pour les collectivités territoriales, mais aussi pour les particuliers : même sur un terrain privé, un propriétaire doit obtenir les autorisations nécessaires.