563. C’est le nombre de fois où Hervé à utilisé le chéquier ou la carte bleue de sa victime pour renflouer ses comptes ou se faire de petits plaisirs. La victime, 75 ans aujourd’hui, a emménagé en 1968 dans l’immeuble du prévenu qui y est né en 1970. Ils ont grandi ensemble et rapidement, Hervé est devenu plus qu’un ami, l’homme de confiance. Il véhiculait le retraité et comme celui-ci ne savait ni lire ni écrire, il s’occupait de l’administratif et de payer les factures. En 2014, l’homme s’envole pour l’Algérie. Il ne reviendra qu’en 2018. Le temps pour Hervé de voler un premier chèque, puis de tomber dans un cercle vicieux : « C’est devenu une drogue, j’avais des soucis d’argent et me disais que j’allais rembourser, mais je ne l’ai jamais fait ». Même après le retour de son ami, il continue à lui soustraire de l’argent. C’est en 2020 que le retraité découvre sa situation financière : « Il voulait s’acheter une voiture, détaille la juge, et la banque lui a dit que ce n’était pas possible, qu’il n’avait plus rien sur ses comptes ». Bon prince, Hervé propose alors de lui prêter 10.000 euros... son chèque sera rejeté deux fois. La victime finit par porter plainte pour abus de confiance. « Je suis désolé, j’ai honte, je vais lui rembourser au centime prêt ». « Vous avez commencé à le faire, le questionne la juge ? » « Non, j’avais peur de le croiser, qu’il me tape dessus. Je m’excuse de mon comportement, j’ai honte ».
« Il a été pris dans l’engrenage »
Maître Rey, l’avocate du retraité, entend ses regrets, mais s’avoue sceptique : le prévenu n’a toujours rien restitué des sommes volées. Elle insiste aussi sur les galères rencontrées par son client : « Il s’est retrouvé interdit bancaire, dans l’impossibilité de percevoir sa retraite. La banque n’a pas fait marcher ses assurances ni ne lui a proposé le moindre remboursement ». Elle demande la restitution totale des sommes, soit 99 829 euros, plus 1500 euros de préjudice moral.
Le procureur Jean Ailhaud remarque qu’il est bon de se dire « je ne sais pas ce qu’il m’a pris... » « une fois oui, mais 563 fois ! » A propos des chèques il glisse : « soit il imitait bien la signature de la victime, soit la banque n’était pas très perspicace ».
Maître Pierroz note que son client s’est endetté et ne disposait pas de suffisamment d’entrées d’argent pour y faire face : « Il a été pris dans l’engrenage » Elle souligne au demeurant la négligence de la victime qui n’a jamais consulté ses comptes, ni en Algérie, ni en rentrant en France, «mais mon client s’engage à rembourser la totalité des sommes ».
Le prévenu est condamné à 18 mois de prison, sursis probatoire deux ans avec obligation de rembourser sa victime, il devra également lui verser une indemnité de 1500 euros au titre du préjudice moral.