Annecy : entre 4 000 et 7 000 manifestants prêts à durcir la mobilisation

Les manifestations contre la réforme des retraites ont de nouveau rythmé la journée du jeudi 23 mars à Annecy. Cette fois, 7 000 manifestants selon les syndicats, 4 100 selon la police, se sont rassemblés devant la préfecture de la Haute-Savoie et ont déambulé dans les rues. Une partie du cortège a aussi envahi la rocade pendant quelques heures, provoquant d’importants bouchons. Dans les rangs, les revendications restent fermes  : « faire pression sur le gouvernement pour retirer une réforme que l’on trouve injuste », explique Nicolas Livet, dessinateur qui se mobilise assez souvent depuis le début du mouvement.

Du côté du syndicat Force ouvrière représentant les Ehpad, le délégué syndical Arnaud Buisson se veut même plus percutant.  « Si on continue à travailler comme ça, on va nous confondre avec nos résidents  ! » Pour lui, la question de la pénibilité du travail n’est pas reconnue dans la réforme des retraites. « À 64 ans, on n’est pas toujours bien physiquement, on ne peut pas soulever nos résidents ! »

« À Carrefour, les gens ne vont pas jusqu’à la retraite »

Mais face à leur colère, le gouvernement campe sur ses positions. Les motions de censure ayant été rejetées, la réforme des retraites est techniquement adoptée. Alors à Annecy, les manifestants se disent prêts à continuer jusqu’à ce qu’ils se fassent entendre. « Si on ne nous écoute pas, il faudra durcir le mouvement, rajoute Arnaud Buisson. Il faut se rallier aux ronds-points comme lors des Gilets jaunes, et en dernier recours monter à Paris car c’est là que tout se passe pour Macron. Il faudrait ralentir les travaux des Jeux Olympiques, peut-être qu’il réfléchirait  ! »

Du côté de la CGT du magasin Carrefour d’Annecy, les manifestants veulent aussi poursuivre la mobilisation, mais pas forcément de la même manière. Certains veulent « plus de blocages, pour déranger le système ». D’autres ne misent pas forcément sur les blocages des routes. « Si les travailleurs arrêtent de travailler, le blocage se fait de lui-même », précise Rachid Achouba, délégué syndical. À Carrefour, les employés expriment donc pour le moment leur ras-le-bol dans les rues d’Annecy. « Dès 50 ans, les salariés de Carrefour sont complètement fracassés par la pénibilité du travail. On ne fête jamais de départ en retraite car les gens ne vont pas jusque-là ! », estime Sonia Serafini, déléguée syndicale.

Malgré la forte mobilisation à Annecy ce jour-là, les salariés de Carrefour déplorent des rassemblements pas toujours à la hauteur de leur espérance pour faire entendre la voix de toutes les personnes contre la réforme.  « Mais c’est difficile car les gens ont besoin d’argent, alors c’est dur de mobiliser comme on voudrait. Les gens sont pris à la gorge, c’est un sacrifice pour eux de venir aux manifs. » Alors « bouger en local » est déjà une bonne solution pour eux. « Quand on voit que même à Annecy on a des manifestations sauvages parfois, c’est du jamais vu  ! »