Squelettes découverts à Publier : des fouilles auraient-elles dû être menées plus tôt ?

Les premiers ossements découverts avenue de la Rive ont été retirés.
Les premiers ossements découverts avenue de la Rive ont été retirés. - Vincent Effe

«   Ce n’est pas une surprise qu’on ait trouvé des tombes à cet endroit », pointe, d’emblée Sidonie Bochaton, archéologue chablaisienne. Si la chercheuse n’a pas été étonnée de découvrir des photos de squelettes sur les réseaux sociaux, mercredi 1er mars, elle l’a été d’apprendre qu’aucune fouille préventive n’avait été menée pour ce chantier situé à Publier, avenue de la Rive.

« Je ne sais pas précisément pourquoi aucune fouille n’a été prescrite. Mais on savait qu’il y avait des nécropoles du Haut Moyen Âge à Publier, dans ce secteur », explique l’historienne qui étudie le Chablais à partir du XIIIe siècle. Dans la Carte archéologique de la Gaule, il est fait mention de découvertes archéologiques à cet endroit. Les choses n’ont pas été faites comme elles auraient dû. »

Cette décision de prescrire, ou non, un diagnostic d’archéologie préventive revient au Service régional de l’archéologie, dépendante de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Cet organisme reçoit les permis de construire et, selon les éléments à sa disposition, missionne des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Les ossements retrouvés dateraient du haut Moyen Âge, une période assez méconnue dans l’histoire du Chablais.
Les ossements retrouvés dateraient du haut Moyen Âge, une période assez méconnue dans l’histoire du Chablais. - Vincent Effe

Pas de diagnostic archéologique prescrit

« Sur 10 % du terrain, on fait de grandes tranchées et on regarde ce qu’on trouve. Le diagnostic est pris en charge par l’Etat, via la redevance archéologique. S’il est positif, la tenue d’une fouille est obligatoire et celle-ci est à la charge de l’aménageur, sauf s’il s’agit d’un particulier », expliquait dans nos colonnes Eric Néré, archéologue de l’Inrap, en décembre 2022.

« Lorsque des vestiges archéologiques sont menacés ou susceptibles de l’être, le préfet de région peut refuser l’autorisation de travaux. Cette procédure est exceptionnelle : en règle générale, le préfet édicte des prescriptions d’archéologie préventive », indique le site du gouvernement.

Une découverte fortuite

Dans ce cas-ci, le Service régional de l’archéologie n’a pas prescrit un tel chantier en amont. C’est donc par hasard que les ouvriers du chantier de la RD1005 sont tombés sur des squelettes. « Dès qu’ils nous ont informés de leur découverte, on a saisi la Drac, indique Jacques Grandchamp, maire de Publier. Aujourd’hui les archéologues missionnés par la Drac fouillent ce secteur. »

L’élu confirme qu’aucune fouille préventive n’a été prescrite, même s’il reconnaît que la découverte d’ossements a pu avoir lieu il y a quelques décennies, quand l’archéologie préventive n’existait pas comme aujourd’hui. « Je n’exclus pas que des squelettes aient été retrouvés dans les chantiers de cette zone. »

En effet, les fouilles préventives et l’Inrap ne datent que des années 2000. France Castel, directrice du musée de la préhistoire de Sciez, n’avait pas connaissance des découvertes antérieures d’ossements à Amphion. Quand elle l’a appris, elle a aussi été surprise de l’absence d’archéologie préventive. « Un diagnostic aurait dû être prescrit si des squelettes avaient déjà été découverts dans ce secteur », estime-t-elle.