La crise dans le pays et au sein de l’Assemblée nationale
Le flux et le reflux de vagues houleuses et plus paisibles au sein de l’Assemblée nationale sont pour ainsi dire de coutume. Pourtant depuis quelques semaines, voire mois, la tendance est à des échanges verbaux plus piquants que la moyenne. En cause sans doute, la période de crise et la réforme des retraites toutes deux très compliquées à gérer.
De la parole au geste…
Et dans ce contexte aggravé, où les « bons mots » qu’on s’envoie à la figure font fureur et les choux gras des médias, entre le geste et la parole, le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti a choisi… le geste. Et pas n’importe lequel, le bras d’honneur. Et si cela ne suffisait pas à la symbolique de sa situation et de son intervention, il a servi au président de l’Assemblée, Olivier Marleix, ce mardi 7 mars 2023, une double dose d’expression corporelle.
Il faut dire que le ministre est plongé dans des affres personnelles, mais aussi dans celles de son fils Raphaël, de même inquiété par la justice, pour des violences conjugales. Alors, quand, au détour d’un échange sur un texte du groupe Renaissance appelant à une peine d’inéligibilité obligatoire contre des auteurs de violences, le président de l’assemblée refait un petit tour de piste des affaires qui touchent des membres de la majorité présidentielle, le bras d’Eric Dupond-Moretti s’est mis à avoir le hoquet.
Bientôt peut-être reverrons-nous, cela s’est déjà produit, quelques échanges encore plus musclés, genre coups de poing, crêpage de chignons…, dans les rangs de l’hémicycle.
Bref, quand les émotions prennent le dessus…
À gauche, on s’est dit scandalisé. « C’est quelque chose d’inacceptable. On est là face à quelque chose de complètement inédit, c’est un scandale » a lancé Olivier Faure, premier secrétaire du PS. À droite, les LR ont quitté la séance. On frise la commedia dell’arte, les enfantillages dans la cour de récré…
Une incompréhension et des excuses
Immédiatement après son geste, le fautif a fait savoir que cela ne s’adressait pas à Olivier Marleix, « ce bras d’honneur n’est pas adressé au député Marleix », mais à la présomption d’innocence. « Il n’y a pas un bras d’honneur, il y en a deux, mais accompagné de paroles à chaque fois. J’ai dit « bras d’honneur à la présomption d’innocence », je l’ai dit deux fois ».
Et s’est confondu en excuses. « Si vous l’avez pris pour vous, je regrette ce geste (…) C’est le geste de quelqu’un qui peut-être a eu tort de réagir comme il a réagi à une accusation qu’il n’estime pas fondée et ce depuis deux ans et demi. Je lui présente mes excuses ainsi qu’à toute la représentation nationale. »
Ce qui a permis aux débats du jour de reprendre un cours à peu près normal.