En 30 ans, le Jourdil n’a plus de secret pour eux. José Alves est arrivé dans ce quartier d’Annecy en septembre 1993, deux mois avant la naissance de son fils Jeffrey, qui y a donc toujours vécu. Le quartier est parfois mal réputé dans l’imaginaire collectif. Pourtant, José Alves ne regrette certainement pas de s’y être installé avec sa famille. « J’ai habité les Chênes, puis Annecy… Mais il y avait trop de mouvement. Je voulais de la tranquillité, de la verdure, et le Jourdil était assez sympathique pour cela. » Le Jourdil avait alors déjà une vingtaine d’années (il s’est développé dans les années 1970) et la mixité sociale voulue à l’origine semblait avoir bien pris racine.
« Ce qui m’a toujours plus dans ce quartier, c’est le fait d’avoir toutes les nationalités, tous les âges, on discute de tout avec n’importe qui, il y a des échanges culturels », ajoute Jeffrey Alves. C’est une vraie vie de quartier qui s’y développe, où « on se réjouit de la naissance du petit dernier comme on a de la peine au décès d’un doyen d’immeuble », précise José Alves.
Un besoin de dynamisme pour attirer les jeunes
Car malgré tout, la population du Jourdil a tendance aujourd’hui à être vieillissante. « Malgré l’arrivée de certains couples avec des enfants en bas âge, la population vieillit gentiment. Ce sont des gens qui sont parfois là depuis la création du Jourdil, car c’était un quartier populaire. » Aujourd’hui, le Jourdil semble peiner à attirer les plus jeunes dans ses rues et ses immeubles. La faute aux charges immobilières qui augmentent, parfois à la mauvaise réputation du quartier, mais aussi au manque d’animations. « Quand j’étais petit, on bénéficiait de l’association des jeunes qui proposait des activités comme le foot ou la danse, ça amenait beaucoup de jeunes, se souvient Jeffrey Alves. J’ai fait de la danse hip-hop, repeins les murs de mon quartier… Aujourd’hui, j’aimerais retrouver ça, ça amènerait une joie de vivre dans le quartier et de l’interaction entre les générations. »
Même si les Alves adorent le Jourdil, ils admettent ainsi que les choses ont changé. Le départ de certains commerces, parfois à cause du Covid et des confinements, « a fait perdre de l’attractivité, mais on espère que d’autres vont arriver pour redynamiser la vie de quartier, précise Jeffrey. Ce qui nous manquerait, c’est une épicerie ou un petit supermarché. » Juste de quoi améliorer le quotidien d’un quartier déjà bien vivant et rempli de souvenirs pour les Alves. « Quand j’habitais les Chênes, enfant, ma maman était femme de ménage de l’ensemble résidentiel du Jourdil. Quand je venais avec elle, pour les enfants du quartier, j’étais celui du quartier d’en face. On réglait nos conflits sur le terrain de foot le dimanche de 9h à 12h. D’homme à homme… pour des enfants de 10-12 ans ! »