Ils étaient venus, assurent-ils, pour skier, mais ce que Paulina et José n’avaient pas anticipé, argumentent-ils, c’est la cherté des stations françaises : « Ce qui coûte 50 au Chili, justifie José, revient à plus de 1000 en France. Nous nous sommes retrouvés très rapidement sans le sou ». Il faut dire que pour leur séjour, ils n’avaient pas opté pour n’importe quelles stations. Sur les 8 faits retenus par la justice « sans doute y en a-t-il eu plus, selon la procureure, les prévenus ont volé à Megève, Chamonix et Courchevel. C’est du reste dans cette station, rapporte la juge Sophie Jouan, que père et fille ont été serrés : « Le 23 février, dans un restaurant, vous avez subtilisé un sac à main Chanel posé sur une banquette près de sa propriétaire. Quand elle s’en est rendue compte, la gendarmerie a été avertie. Lors de l’exploitation de la vidéosurveillance, les autorités ont vu monsieur prendre le sac, se rapprocher de madame, sortir et partir en voiture. Alors en ligne avec les agents municipaux, les gendarmes ont remarqué passer votre voiture, vous ont arrêté et demandé de les suivre au poste. Sur le chemin, ils vous ont aperçu faire demi-tour, jeter des sacs par la fenêtre et vous engager dans une rue qui s’est avérée être une impasse ».
« Impossible de dire qui entraîne l’autre »
Après perquisition de la voiture et de la chambre d’hôtel où les prévenus logeaient, 8 vols ont donc pu être caractérisés : sacs, montres et portefeuilles de marque, maquillage, vêtements, parfums de luxe. S’ils ont reconnu les faits, leurs explications abraccadabrantesques n’ont pas convaincu les juges. « Il y avait 1600 euros en liquide dans votre chambre, si vous n’aviez plus de sous, vous auriez très bien pu rentrer à Sevran où madame habite ? » « La voiture est tombée en panne et nous avions besoin d’argent pour manger, dormir, nous habiller et repartir ». « Vous êtes venus sans habits ?! » « Oui, nous les avions oubliés ». En 2022, le duo a écopé de plusieurs rappels à la loi pour faits de vols.
« Ils écumaient les stations les plus huppées des Alpes, s’emporte la procureure Sophie Mauboussin, et visaient une clientèle de luxe. C’est impossible de dire qui entraîne l’autre. » Elle demande au demeurant une peine plus élevée pour le père qui aurait dû montrer l’exemple à sa fille : 15 mois de prison dont 6 avec sursis et maintien en détention. À l’attention de Paulina, elle requiert 12 mois dont six avec sursis, maintien en détention ; Et pour tous les deux une interdiction de séjour en Savoie et Haute-Savoie.
Leur avocat en a convenu : « Ce sont des piètres voleurs, ils n’ont pris aucune précaution dans des stations huppées qu’ils auraient dû imaginer très surveillées. Cependant, ce ne sont pas des bandits de grand chemin non plus, à part des rappels à la loi, ils n’ont pas de casier. Et Madame à une enfant de 16 mois, si vous la condamnez, vous condamnez aussi la petite ». Une petite qui a fait l’objet de débats, la procureure se demandant, en l’absence de livret de famille, si l’enfant n’avait pas été inventé… « Vous ne pourrez en tout cas pas jouer la mère éplorée car ça ne vous a pas embêté de vous éloigner d’elle quelques jours pour prendre des vacances… »
Le tribunal a condamné Paulina à 12 mois de prison dont 8 avec sursis et maintien en détention ; son papa à 12 mois de prison dont six avec sursis et maintien en détention. Ils se sont tous les deux vus signifier une interdiction de séjour en Savoie et Haute-Savoie.