Clarafond-Arcine : « Tuez-les tous ! », un polar plein d’humour signé Bertrand Durovray

Bertrand Durovray était chef d’agence de l’hebdomadaire Le Pays Gessien de 2000 à 2007.
Bertrand Durovray était chef d’agence de l’hebdomadaire Le Pays Gessien de 2000 à 2007.

En l’espace de quelques jours, Prangins connaît une mortalité inédite. Dans cette petite commune de 1 000 habitants dans l’Allier, c’est l’effervescence… Le héros, un correspondant local pour l’hebdomadaire du coin, se persuade d’avoir affaire à un tueur en série.

Voilà un domaine que l’auteur connaît bien. En effet, Bertrand Durovray a grandi à Bellegarde et après des études supérieures en littérature moderne et en journalisme, il a débuté une carrière de journaliste en presse régionale généraliste au début des années 2000 ; exerçant notamment comme chef d’agence au Pays Gessien de 2000 à 2007.

Tout sauf un polar classique

Avec ce vécu de l’intérieur, le romancier a eu de quoi étoffer le personnage principal et le monde qui l’environne. « J’ai une connaissance extérieure de la police, explique Bertrand Durovray. J’ai pu fréquenter ce milieu lorsque je couvrais des faits divers. Je n’ai pas eu envie de creuser cet univers ni de me documenter pour coller à cette réalité. » Au contraire, l’auteur a souhaité écrire une parodie ; un livre à la marge de l’enquête. « D’ailleurs ce n’est pas vraiment une enquête. Je n’ai pas voulu faire un polar classique. Je ne maîtrise pas assez ce genre et cette écriture ne m’attire pas. Ceux que je préfère sont les polars américains atypiques avec un style très nerveux à la Bukowski dans Pulp par exemple. »

Un style Sherlock Holmes détourné

Son écriture se veut décalée. « J’ai regardé du côté de Sherlock Holmes, j’ai pris les codes et je les ai détournés. On ne peut pas faire table rase de ce qui existe, mais on peut prendre le contre-pied. Le personnage du détective intello fonctionne grâce à Watson qui joue le rôle du vulgarisateur. Mon héros crée beaucoup de théories dans sa tête qui ont assez peu de sens. Pour faire passer tout ça, je l’ai rendu plus accessible en jouant la connivence avec le lecteur. Il s’adresse directement à lui et en le tutoyant. En fait, c’est plutôt un anti-polar. Il y a quand même des morts mais il n’y a pas de policier. Ce n’est pas tant le résultat de l’enquête qui compte, mais le cheminement. »

Certes, Bertrand Durovray s’est inspiré de son vécu pour alimenter le cadre de l’histoire, mais les personnages sont un peu grotesques. « En distordant les choses, on les rend plus drôles. Le personnage de journaliste local était intéressant à développer. Ça s’est imposé à moi par l’écriture. Il s’est avéré être un plus pour le livre. »

Plus d’infos

«Tuez-les tous !» est le premier polar de l’auteur de Clarafond, Bertrand Durovray, qui vient de paraître aux éditions Maïa. Disponible en librairie et sur le site de l’éditeur au prix de 18 €.

Depuis 2017, Bertrand Durovray travaille à la fois comme enseignant et journaliste indépendant pour différents médias en France et en Suisse.

Bertrand écrit des poésies (plusieurs dizaines de poèmes composés entre 1990 et 1995) puis des nouvelles (une trentaine de textes courts écrits depuis 1995) et enfin des romans.

Une écriture spontanée, un ton léger pour un roman policier décalé

La couverture du livre  Tuez-les tous! , aux éditions Maïa.
La couverture du livre Tuez-les tous! , aux éditions Maïa.

Bertrand Durovray écrit depuis 30 ans, mais c’est son premier polar publié. « Je voulais quelque chose de nerveux mais léger par le genre et par le ton », confie-t-il. L’auteur a donc fait un travail de recherche en amont. « Ensuite j’ai écrit le premier jet en un mois. Je me suis astreint à cette écriture. Puis j’ai passé 9 mois à le réécrire. J’ai changé, amélioré, coupé, mais on avait la spontanéité de l’écriture. »

Voici quelques lignes extraites du roman :

« Deux morts en cinq jours sur une commune de la taille de Prangins, ça a jamais dû arriver, même pendant la guerre. ’Faudrait vérifier mais je ne pense pas trop me tromper. Donc, déjà, en soi, c’est exceptionnel. Ensuite, si l’on considère les victimes, leurs profils n’ont absolument rien à voir, ce n’est pas le même sexe, ni le même âge, il n’y a pas de lien de parenté ou d’amitié (ils ne se connaissaient visiblement pas), ni le même niveau socioculturel… bref, rien qui pourrait permettre d’établir un lien entre eux, ça aussi c’est très étrange.

Ben oui, vous ne trouvez pas curieux que les deux victimes n’aient rien en commun alors que l’on se trouve dans une commune de mille habitants où tout le monde se connaît plus ou moins ? D’où mon hypothèse : ce ne sont pas un accident et une mort naturelle comme le chef d’agence le dit, mais deux morts indubitablement liées entre elles, la preuve étant que le tueur a pris un soin particulier dans le choix de ses proies, afin qu’on ne puisse pas les associer et, par conséquent, remonter jusqu’à lui. Oui, m’sieurs dames, voilà exactement au point où j’en suis. »