Dire adieu aux engrais chimiques tout en faisant des économies d’énergie. C’est le projet fou, mais vert, dans lequel s’est lancée la ferme des Airelles. Depuis 2019, elle s’est dotée d’un méthaniseur, une cuve géante qui fonctionne comme un estomac dans lequel « des bactéries travaillent et viennent digérer la matière organique qu’on apporte, ici uniquement de la flore d’élevage et des biodéchets », explique Jean-Yves Raffin, le gérant du GAEC.
Quels déchets sont mis dans la cuve ?
Associés aux effluents d’élevage (fumier, purin, lisier...) des 180 vaches de la ferme, les déchets alimentaires provenant « des grandes surfaces, des cantines scolaires ou des hôpitaux », – acheminés par la société Excoffier, vont également mijoter dans cette cuve. En somme, tous les produits « qui sont en dépassement de date limite de consommation ou impropres à la consommation », précise l’agriculteur. À l’instar du composteur, le méthaniseur permet à tous ces déchets d’avoir « une seconde vie ».
Le procédé paraît simple : « ils vont être déconditionnés, on va enlever le platique et on va récupérer ces biodéchets pour les incorporer dans le digesteur », résume Jean-Yves Raffin. Il arrive toutefois que de mauvaises surprises se retrouvent sur la table de tri : « ça peut aller de la batterie aux bidons de javel en passant par l’ordinateur », énumère ce dernier. « On doit rester vigilant ».
Pour quels résultats ?
Cette matière organique est donc ensuite transformée en biogaz et en digestat. Ce biogaz va permettre de produire de 45 % d’électricité et de 55 % de chaleur. Une partie de cette électricité « verte » est revendue et une autre est injectée sur le réseau, « consommée directement par les habitations voisines, ce qui représente à peu près 700 foyers », détaille Jean-Yves Raffarin. La chaleur produite sert quant à elle à chauffer les cuves de méthanisation. Autre miracle qui résulte de cette « marmite qui cuit » : le digestat, utilisé comme substitut aux engrais chimiques.
Si l’on doit résumer le principe même du méthaniseur en deux mots ce serait « cercle vertueux », comme l’explique l’éleveur : « Le biodéchet c’est de l’aliment, et cet aliment qui vient à la base de la terre va retourner à la terre en matière organique et fertilisante. Concrètement, ce digestat nous permet de ne plus utiliser aucun engrais chimique sur l’exploitation ».
Équipé d’un méthaniseur, la ferme des Airelles à Groisy permet de produire par an 2,4 GWh (gigawattheure) en cogénération. Du gaz est brûlé sur place pour produire de l’électricité et de l’énergie thermique.
Deux autres sites de méthanisation existent pour le moment sur le Grand Annecy : l’usine du SILA, qui produit 12 GWh dans l’année et la ferme de Rogney à Gruffy, qui produit quant à elle 2,4 GWh d’énergie.
Trois nouveaux méthaniseurs sur le Grand Annecy sont en cours de réflexion.