À la barre, la jeune femme le répète plusieurs fois : c’est une bonne maman, elle s’occupe bien de son enfant de deux ans. « Nous n’en doutons pas, lui balance l’avocate de son ex-mari, mais ce n’est pas pour ça que vous êtes poursuivie aujourd’hui, mais pour des violences ! »
Depuis plusieurs mois, le couple battait de l’aile, il n’a pas résisté à 17 années de vie commune. Au mois d’avril, Cindy a quitté le domicile une première fois puis s’est réinstallée avec son mari « pour le bien du petit ». Le 29 juillet, le couple en convient, ce n’est plus possible. Il se sépare à nouveau. Trois jours plus tard, pour éviter tout conflit, la prévenue se rend à son ancien domicile récupérer des affaires. Mais en plus des peluches et des médicaments qu’elle escomptait reprendre, revendique-t-elle, Cindy tombe sur les affaires de la nouvelle chérie de monsieur. Il l’a déjà remplacée, et quand il débarque quelques minutes plus tard après avoir repéré sur les caméras la présence de son ex, Cindy lui réserve un accueil virulent, « quasi hystérique », affirmeront les gendarmes. Elle lui balance un verre à la figure, puis un bocal et un vélo. Elle le menace ensuite avec un pistolet et un fusil à pompe : « J’avais peur qu’il ne s’en serve contre moi, se défend-t-elle, c’est pour ça que je m’en suis saisie. » L’homme parvient à la désarmer et appelle les gendarmes. Le temps pour Cindy de se munir d’un tournevis et de lui asséner : « Je vais te poignarder, je vais te tuer. »
Tout a été filmé. « Ce que la vidéo ne montre pas, intervient Cindy, ce sont les épisodes où il me court après dans l’appartement, m’arrache des mains le clés de la voiture, les sacs avec les peluches et la pharmacie. Oui j’étais très en colère car après 17 ans de relation, deux jours après que je sois partie, je trouve déjà les affaires d’une autre femme ! » « Et ça se passe comment depuis ? », l’interroge la juge Nelly Ranquet . « Nous communiquons a minima. »
« Il a eu peur »
Invité à s’exprimer, son ex affirme être revenu à l’appartement « car elle ne prenait pas que quelques affaires, elle le dévalisait ! » Ce que confirme son avocate, expliquant que son client a dû gérer une tornade « hystérique » qui l’a notamment menacé avec un fusil à pompe chargé : « Il était désemparé, a eu peur. Qu’elle soit une bonne mère ne lui donne pas le droit de tuer quelqu’un ! »
La procureure Anne Gaches parle de faits graves et admet que la victime ait pu être effrayée. Elle demande 3 mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans.
Maître Falda Buscaiot reconnaît les faits mais plaide le contexte : « Elle est venue dans le but d‘éviter tout conflit et peut-être avec l’espoir qu’après 17 ans de vie commune, il existe encore une issue. Là, elle découvre qu’il a d’autres projets et qu’elle va devoir faire le deuil de son couple. C'est violent et elle a laissé parler sa colère. » L’avocate s'interroge également sur les allégations de la partie adverse : « Elle est venue avec une petite voiture, pas de quoi vider un appartement ! »
La jeune femme a été condamnée à une peine de deux mois de prison avec sursis.