« Nous on n’veut pas perdre notr’ vie à la gagner. » Chanté sur un air de Gloria Gaynor, bien connu des amateurs de ballon rond, ce slogan donne le ton de la mobilisation contre la réforme des retraites, dont le deuxième acte se tenait, ce mardi 31 janvier 2023, à Cluses, comme dans toute la France. Plus nombreux que le 19 janvier, selon les chiffres du syndicat CGT, qui estime à près de 600 le nombre de manifestants clusiens. Parti de la place des Allobroges à 16h15, le cortège a traversé le centre-ville avant d’atteindre le lycée Charles-Poncet pour récupérer les lycéens manifestants, puis de marcher vers le rond-point de l’Europe, avant de revenir à son point de départ.
De nouveaux manifestants
En cette deuxième journée de mobilisation, de nouvelles branches socioprofessionnelles se sont jointes au cortège, pour exprimer leur colère face au projet gouvernemental. Parmi elles, les personnels des remontées mécaniques, représentés à Cluses par les saisonniers des Carroz d’Arâches. La station n’a d’ailleurs pas pu tourner, ce mardi 31 janvier, en raison d’un trop grand nombre de personnel gréviste (entre 20 et 25 %). « On a des revendications qui sont propres à la précarisation du statut de saisonnier. La station des Carroz d’Arâches est en régie municipale et cette année, ils ont utilisé le plan de sobriété énergétique pour raccourcir notre saison d’une semaine, ce qui entraîne une baisse de salaire pour nous, les saisonniers. On demande également une revalorisation de notre contrat parce qu’aujourd’hui, il se termine deux semaines avant la fin effective de la saison et on nous signe des avenants pour aller jusqu’à la fin. Ce qu’on veut, c’est la garantie d’un minimum salarial à la saison », affirme Bernard Morati, délégué CGT pour le personnel des remontées mécaniques des Carroz d’Arâches.
Les retraités mobilisés aux côtés des plus jeunes
À Cluses, comme partout dans le département et en France, les retraités ont battu le pavé aux côtés des générations plus jeunes, affichant leur contestation face à une réforme qu’ils estiment, eux aussi, injuste. « Les travailleurs ont cotisés toute leur vie, ils aspirent juste à avoir quelques années de tranquillité. C’est important puisque quand on travaille, on ne voit pas beaucoup le soleil. J’ai des enfants, des petits-enfants et je ne veux pas d’une société du malheur », exprime Roland, venu de Bonneville pour l’occasion. Des aînés qui n’en restent pas moins véhéments dans leur opposition au recul de l’âge de départ en retraite, que le gouvernement souhaite rehausser à 64 ans, au lieu des 62 actuels. « Je n’ai jamais manifesté de ma vie, mais là, cela dépasse les bornes. Faut pas rêver, passé 60 ans, les gens sont usés, fatigués ! » déclare Cécile, quelques minutes avant le départ du cortège.
La mobilisation contre la réforme des retraites ne s’arrête pas aux manifestations. À Cluses, par exemple, l’union locale de la CGT organise ce jeudi 2 février 2023 un ciné-débat autour du film « La Sociale », du réalisateur local et engagé, Gilles Perret. Un film qui revient sur les étapes clés ayant mené à la fondation de la Sécurité Sociale, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi sur l’évolution du système de santé français. Rendez-vous à 19 heures, au siège de la CGT Cluses, rue Paul-Verlaine.