La mère de famille qui avait révélé la présence de deux bébés morts dans son appartement de Rumilly, découverts par les gendarmes le jour du Nouvel An, a été mise en examen samedi 21 janvier 2023 pour «meurtre sur mineur de 15 ans» et incarcérée.
Elle évoque un déni de grossesse
Cette femme de 35 ans avait elle-même appelé la gendarmerie en faisant part de ses intentions suicidaires. Dans un premier temps hospitalisée sous contrainte, elle a été placée en garde à vue jeudi 19 janvier, dès sa sortie de l’hôpital psychiatrique, puis présentée à un juge d’instruction deux jours plus tard.
« Elle reconnaît avoir donné naissance aux enfants dans le cadre d’un déni de grossesse, dans une période de sa vie où elle était en très grande détresse, informe la procureure de la République d’Annecy, Line Bonnet, en précisant que les nouveau-nés étaient « vivants », d’après ses déclarations. En revanche, « elle conteste avoir eu l’intention de les tuer » et « n’est pas capable de s’expliquer sur les conditions des décès, ni leur date, ni leur localisation ».
Les faits concernés ont vraisemblablement « plus de cinq ans », estime la magistrate annécienne, à une époque où la mère de famille était « en grande détresse à la fois psychologique et un peu dans une période d’errance et de toxicomanie ».
« État de grande confusion »
Si elle se trouve dans un « état de grande confusion », la mise en cause s’est toutefois montrée « extrêmement coopérante », relève Line Bonnet. Elle a également confié que « son conjoint actuel n’est absolument pas le père de ces bébés ».
Les autopsies réalisées dans le cadre de l’enquête, menée par la section de recherches (SR) de Chambéry, n’ont pas permis de dater les accouchements ni les décès des bébés. Des analyses complémentaires ont été demandées, dont les résultats ne sont pas encore connus. « Elle nous dit que c’était des nouveaux-nés. C’est vraisemblable, mais on n’en a pas la certitude ». Tout comme ce qui concerne la filiation, même s’il s’agit « vraisemblablement [d]es siens », selon la procureure.
Les corps avaient été retrouvés par les gendarmes emmaillotés dans une valise dans un logement de la Cité La Salle, à Rumilly. La présence d’un cordon ombilical avait été relevée sur l’une des deux petites dépouilles.
Les deux enfants du couple placés
Après le début de l’affaire, les deux enfants du couple, nés en 2020 et 2021, avaient été confiés à l’aide sociale à l’enfance.
Placé en garde à vue le 5 janvier dernier, à son retour en France après un séjour à l’étranger, le compagnon de la mise en cause avait été libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.