Le sexisme a la vie dure en France, surtout chez les jeunes hommes

Malgré le combat des femmes, le sexisme, d’après un rapport du Haut Conseil à l’égalité, fait toujours son lit en France et notamment parmi les jeunes hommes.
Malgré le combat des femmes, le sexisme, d’après un rapport du Haut Conseil à l’égalité, fait toujours son lit en France et notamment parmi les jeunes hommes. - Capture d’écran Twitter @franceinter

Un constat alarmant

Malgré, depuis quelques années, les nombreuses communications, informations ou encore dénonciations dans tous les milieux sociaux et professionnels français, l’importante influence et action de #MeToo ou encore les attaques en justice qui se multiplient, les attitudes, les positions sexistes, les réflexes masculinistes ont la vie dure dans le pays.

C’est en quelque sorte le constat général du rapport (le 5e depuis 2017 depuis la loi relative à la citoyenneté et à l’égalité. Il s’appuie sur le baromètre sexisme mené par l’institut Viavoice) que le HCE, Haut conseil à l’égalité, remettra au président Macron mercredi 25 janvier 2023, dite journée de lutte contre le sexisme.

« Principal enseignement : en dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis Me too, les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent. L’opinion est paradoxale : elle reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes. La persistance du sexisme dit « ordinaire » est d’autant plus préoccupante qu’elle peut conduire aux manifestations les plus violentes. »

Mise en perspective de la situation que le HCE accentue avec cet autre constat : « Parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et tous âges confondus 40 % trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. En ce qui concerne les femmes, 80 % estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37 % disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis. »

Une situation qui s’aggrave même

Un peu comme en réaction à la multiplication des interventions de défense des femmes et de dénonciation des attitudes, gestes, paroles et actes des hommes, se développe et en particulier sur les réseaux sociaux, un phénomène de rejet, de masculinisme exacerbé et toujours trop banalisé. Comme le souligne le HCE : « une situation qui s’aggrave avec l’apparition de phénomènes nouveaux : violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, affirmation d’une sphère masculiniste et antiféministe ».

Toujours selon HCE : « Les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur indiquent une augmentation de 21 % du nombre de victimes de violences conjugales entre 2020 et 2021 ».

Quelles solutions, stratégies pour endiguer ce phénomène ?

Outre le fait de mettre au jour des difficultés, le HCE se fait force de proposition dans son rapport. Et met en avant 10 recommandations pour un plan de lutte contre le sexisme. Avec un focus sur la régulation des contenus numériques, les formations par les employeurs contre le sexisme ou encore institutionnaliser la journée du 25 janvier comme journée de lutte contre le sexisme. (Voir les 10 recommandations ci-dessous)

Les 10 recommandations du HCE

1 - Augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour former plus et en plus grand nombre les magistrat·es au sein des juridictions chargées de traiter les violences intrafamiliales, à l’instar de l’investissement espagnol ;

2 - Instaurer une obligation de résultats pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective dans un délai de trois ans, et prévoir une sanction financière en cas de non-respect de cette obligation dans ce délai ;

3 - Réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes, représentations dégradantes, et traitements inégaux ou violents des femmes, en particulier les contenus pornographiques en ligne ;

4 - Rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs ;

5 - Généraliser l’égaconditionnalité (qui conditionne l’argent public à une contrepartie en terme d’égalité) et la budgétisation sensible au genre ;

6 - Créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique ;

7 - Conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité ;

8 - Rendre obligatoire un système d’évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuels scolaires, informant voire conditionnant leur mise sur le marché, sur le modèle belge ;

9 - Interdire la publicité pour les jouets genrés sur le modèle espagnol ;

10 - Institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier.