Ils ont bravé les températures négatives ce jeudi 20 janvier. À l’heure de l’habituelle entrée en classe, une quarantaine de parents d’élèves des écoles maternelle et élémentaire de la Grangette sont cette fois venus pour apporter leur soutien aux professeurs en grève. Avec un mouvement suivi par la totalité des enseignants et des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), l’établissement comptant 445 élèves reste fermé pour la journée. La raison du mécontentement s’affiche sur des banderoles accrochées aux bâtiments et sur des tuniques enfilées par l’équipe éducative : « Ecole en colère, 25 par classe c’est le max ».
De la même manière qu’au Châtelard, la Source, le Morillon et Vongy, les écoles de la Grangette sont considérées en ‘‘secteur particulier’’. Une reconnaissance qui limite le nombre d’élèves à 25 par classe. Différents critères comme l’indice de position sociale (IPS), qui permet de mesurer la situation sociale des élèves, sont analysés par l’académie pour classer les écoles. L’IPS de la Grangette se situe autour de 100, « alors que des écoles en éducation prioritaire se situent plutôt autour de 82 ou 85 », note Frédéric Bablon, directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen) de la Haute-Savoie. « Il n’est pas question d’abandonner des écoles en les sortant du dispositif. Il n’avait pas été révisé depuis plusieurs années, il s’agit d’un rééquilibrage équitable sur l’ensemble du département », ajoute-t-il.
« Avec plus d’élèves, on ne fait pas les mêmes choses »
Les explications du directeur académique ne rassurent pas du côté de la Grangette. « Si on se base sur l’indice, oui il monte, mais les spécificités du terrain ne sont pas prises en compte, rétorque le directeur de l’école élémentaire, Julien Chifflet. Nous avons des familles non francophones, beaucoup d’enfants en situation de handicap. C’est déjà difficile à 23 ou 24 par classe, je ne vois pas comment on va pouvoir tout gérer à 28. » La moyenne d’élèves par classe se situe actuellement entre 23 et 24 à la Grangette. L’école maternelle accueillant 165 élèves, est composée de 7 classes tandis que l’école élémentaire compte 12 classes pour 280 élèves. « Pour l’instant, la Grangette n’est impactée par aucune décision de carte scolaire », assure Frédéric Bablon.
Pour les parents, la crainte de voir un système qui, jusqu’alors, semble avoir fait ses preuves, est tout de même bien présente. « Soudée et très impliquée, l’équipe éducative élabore de nombreux projets culturels, sportifs, les enfants sont bien, se satisfait Fouzia Eulmi qui a sa fille en CE1. Mais avec plus d’élèves en classe, on ne fait pas les mêmes choses, il y aura forcément des répercussions. »
Céline Mordant, qui a aussi une fille de CE1, ne croit pas en l’absence de conséquences sur le nombre d’élèves. « Il suffit de regarder autour, ça se construit partout et il n’y a pas de nouvelle école. En réalité, passer de 23 élèves par classe à 28, dans une école avec 19 classes, ça permettra à l’académie de caser près de 100 élèves en plus sans avoir à donner de moyens supplémentaires. »
Mis en place il y a plusieurs années, le dispositif ‘‘secteur particulier’’ est propre au département de la Haute-Savoie. Il constitue un classement intermédiaire entre les écoles qui se situent en quartier prioritaire de la politique de la ville ou en réseau d’éducation prioritaire, et celles qui ne le sont pas. L’objectif est de « prendre en compte les réalités sociologiques du secteur, être plus bienveillant sur le nombre d’élèves à mettre par classe lors des opérations de carte scolaire », explique le Dasen de la Haute-Savoie, Frédéric Bablon. Selon certains professeurs, ce classement intermédiaire a été créé pour limiter le nombre d’établissements classés en éducation prioritaire. « Ça ne faisait pas assez chic en Haute-Savoie d’avoir des écoles ‘‘ZEP’’ », tentent d’ironiser certains parents d’élèves.