Au beau milieu de l’hiver, la nuit est déjà tombée sur le village de Peisey-Nancroix à 17h30. L’office de tourisme fournit à la dizaine de visiteurs une lanterne électrique, puis Sylvie Gotteland, guide de la Facim (fondation pour l’action culturelle internationale en montagne) prend le relais. Elle entraîne le groupe à une vingtaine de mètres, devant une maison dite parisienne.
Après avoir livré quelques repères géographiques et environnementaux, la guide raconte l’histoire de cette maison construite par un Peiserot qui a fait fortune à Paris : « Beaucoup d’habitants sont partis à Paris à la fin du XIXe siècle car les mines de plomb et d’argent de la vallée ont fermé. Certains ont fait fortune comme bronziers d’art, ont employé des habitants du village et ont construit ces maisons dites parisiennes pour y venir l’été. » Celle-ci en particulier a été léguée à la commune par son propriétaire, à la condition d’y loger l’instituteur et le médecin qui devait « soigner les indigents ».
Découvrir l’ancien mode de vie des montagnards
Le groupe remonte ensuite la rue principale. Malgré la lumière des lampadaires, les lanternes se révèlent très utiles pour se signaler aux quelques voitures. Un arrêt devant une étable hébergeant une vingtaine de vaches permet de décrire le mode de vie des habitants de ces villages avant les années 70, organisé autour de l’élevage. Il faut ensuite quitter la rue principale pour monter jusqu’aux jardins et aux cultures, placés aux endroits les plus ensoleillés : « On groupe l’habitat dans les endroits à l’ombre, explique la guide. La terre doit nourrir avant tout. »
Plus loin, une nouvelle maison dite parisienne, devant la mairie. Mais, avertit la guide, le décalage entre la richesse des migrants et la pauvreté de ceux qui sont restés ne crée pas de tensions : « Toutes les familles ont quelqu’un qui est parti travailler à Paris. » Une dame fronce les sourcils : « Toutes ces migrations, ça n’a pas vidé le village ? » « De tout temps, les populations ont migré dans ces montagnes, répond Sylvie Gotteland. On parlait de «6 mois de misère, 6 mois d’enfer». Les actifs partaient travailler car il n’y avait rien à faire l’hiver ! Et moins il y avait de bouches à nourrir, mieux c’était. »
La visite se termine dans l’église de Peisey-Nancroix, encerclée dans son cimetière. Pour entrer dans l’édifice, il faut jouer quelque temps avec une énorme clef sur la porte de côté. Les visiteurs pénètrent dans l’obscurité, à la seule lueur des lanternes. Après avoir allumé progressivement tous les spots, révélant les dorures et peintures baroques aux visiteurs émerveillés, la guide raconte l’attachement des habitants à leur église, la compétition entre les villages au XVIIIe siècle pour avoir la plus belle église, l’importance des saints protecteurs : « C’est leur maison et elle doit briller. »
La visite de Peisey se tient tous les jeudis à 17h30, jusqu’au 2 février. Réservation : 5 € auprès de l’office de tourisme de Peisey.
De nombreuses autres visites nocturnes, avec ou sans lanternes, sont organisées par la Facim, aux Belleville, à Bozel, à Hauteluce... Visites disponibles et renseignements sur fondation-facim.fr