Hauteluce : agression sexuelle, la parole de l’un contre les larmes de l’autre

En matière d’agression sexuelle, il est malheureusement difficile de produire des éléments matériels.
En matière d’agression sexuelle, il est malheureusement difficile de produire des éléments matériels.

Hauteluce

Elle a le regard droit et écoute la juge revenir sur les faits et les témoignages sans sourciller : entre le 1er et le 28 février 2015, la jeune saisonnière a partagé un verre avec des connaissances dans son studio. Le prévenu dispose de la clé de la piscine de la résidence et propose à ses trois compagnons un petit plongeon. Deux refusent, pas la victime qui le suit. Au bout de quelques secondes, rapporte la jeune femme dans son audition, le jeune homme la coince dans un coin du bassin et introduit ses doigts dans sa culotte. Elle prend la fuite puis, dit-elle, il la rejoint, la plaque contre le mur et la pénètre. Les jours qui suivent, la demoiselle laisse entendre qu’il s’est passé quelque chose, sans rentrer dans le détail, elle s’en ouvre même à la sœur du prévenu. Elle questionne son frère qui lui jure qu’il ne s’est rien passé. Puis plus rien pendant deux ans.

Un témoignage confus

Mais le traumatisme est là et lors d’un accident de voiture, la jeune femme craque et raconte la soirée à son compagnon qui l’encourage à porter plainte. Ce qu’elle fait. Invité à s’exprimer, le sujet des accusations s’exclame : « Je ne comprends pas pourquoi je suis là, il ne s’est rien passé. Elle n’allait pas bien et s’était recroquevillée dans un coin, je me suis approchée d’elle pour savoir comment elle allait, elle m’a mis un coup de pied dans le thorax. » À l’époque, le prévenu est addict à l’alcool et au cannabis. Depuis, il a tout arrêté, a une compagne et des enfants. Pour lui comme sa victime, les expertises psychiatriques sont très positives. Elle n’est pas sujette à l’affabulation et présente un traumatisme important. Invitée à s’exprimer, elle reste confuse dans son récit, mais conclut : « Il y a des choses qui ne se font pas, ça m’a causé beaucoup de mal ». « Vous savez, indique l’homme à la juge, j’ai grandi avec ma petite sœur en lui apprenant à toujours faire attention. J’aimais séduire, mais pas imposer des choses bizarres.  »

« Ce n’est pas un prédateur »

Pour l’avocate de la partie civile, maître Falda Buscaiot, il ne fait aucun doute que sa cliente dit la vérité, «  l’expertise psychiatrique est formelle, elle n’affabule pas. » « Oui, confirme la procureure Sophie Mauboussin, le soir-même et les jours qui suivent, elle s’est plainte du comportement du prévenu. » Reconnaissant qu’il n’existait pas de preuves matérielles et que c’était parole contre parole, elle s’interroge sur la version du prévenu «  qui ne correspond pas aux propos des uns et des autres, ni aux siens en 2015 ». Notant qu’il avait changé et que ce n’était pas un prédateur, elle requiert 6 mois avec sursis à son encontre.

« Des accusations graves »

La défenseur du prévenu plaide la relaxe, «  les accusations sont graves, or elles ne reposent sur rien. La victime n’est pas précise, elle ne se souvient pas de l’heure, du jour, ni même du mois où ça s'est passé. Je ne la crois pas. » Dans la salle, la victime fond en larmes, abattue par les paroles de l’avocate.

Le tribunal prononce la relaxe du prévenu.