Les Français fument de nouveau plus
Une étude de Santé Publique France (une enquête téléphonique auprès d’un échantillon aléatoire de 18-85 ans résidant en France (24 514 personnes en métropole, 6 519 Outremer), menée entre février et décembre 2021), parue ce mardi 13 décembre 2022, indique une nouvelle hausse du tabagisme en France. Alors qu’une baisse de la consommation de tabac était enregistrée depuis plusieurs années (depuis 2014), grâce aux campagnes nationales de sensibilisation, le mois sans tabac, l’information sur les maladies liées au tabac, etc., en 2021, les statistiques établies indiquent une hausse d’un peu plus de 1 % par rapport à 2019.
Le nombre de fumeurs occasionnels a augmenté et environ un quart des Français a fumé quotidiennement (le nombre de fumeurs en France est estimé à 15 millions) dont 12 millions de fumeurs quotidiens. Plus de trois fumeurs sur quatre entre 18 et 75 ans ont déclaré fumer (31,9 %) contre 30,4 % en 2019 et un quart quotidiennement (25,3 %) contre 24 % en 2019. Est aussi constaté en 2021, une hausse de l’usage de la cigarette électronique (6,7 % en 2021 contre 5,4 en 2019) et du vapotage quotidien (5 % contre 4,3 % en 2019).
Par contre, l’étude indique une baisse de la consommation de tabac chez les hommes de 18 à 24 ans.
C’est chez les femmes (23 % contre 20,7 % en 2019) et les peu ou pas diplômés (32 % contre 29 en 2019) que la hausse est la plus significative. Au quotidien près de 13 cigarettes par jour pour les hommes et 12 cigarettes pour les femmes.
« En 2021, deux régions ont une prévalence du tabagisme quotidien plus élevée que le reste de la France : Occitanie (28,5 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (29,1 %). »
Les raisons de l’augmentation
Santé Publique France met en avant l’hypothèse d’un lien avec la crise sanitaire du covid, « Cette épidémie et ses mesures de gestion ont bouleversé les situations personnelles et professionnelles et pourraient avoir eu un impact sur la consommation de tabac » depuis bientôt trois ans. « Un impact de la crise liée à la Covid-19 sur l’interruption de la baisse de la prévalence du tabagisme en France ne peut être exclu. Les inégalités sociales en matière de tabagisme restent très marquées. »
L’impact de ces périodes de crise a semble-t-il été plus fort chez les femmes qui durant ces années covid ont notamment plus perdu leur emploi.
La cigarette une aide contre le mal de vivre ?
Les conséquences économiques, sociales, sanitaires et psychologiques liées à la maladie : stress, incertitude face à l’avenir, face au quotidien, inflation, perturbations relationnelles, changement de vie (d’emploi, de lieu de vie, de perspective). « La cigarette peut être perçue comme un outil pour gérer le stress ou surmonter les difficultés du quotidien. La situation de chômage est également associée au tabagisme. Des enquêtes qualitatives menées auprès de fumeurs en 2020 et 2021 ont montré que les fumeurs qui percevaient la cigarette comme outil pour gérer le stress, avaient eu davantage tendance à augmenter leur consommation. »
Le tabac reste comme le rappelle Santé Publique France une des premières causes de mortalité en France, avec environ 75 000 décès par an. L’objectif que s’est fixé le gouvernement d’une génération sans tabac à l’horizon 2032 pourrait se trouver malmené si la situation continue de se dégrader…