De grands casiers gris, fermés à clé, par séries de 6. Après plusieurs expériences similaires en France, notamment du côté de Montreuil, la Ville d’Annecy s’est dotée à son tour, il y a quelques jours, du dispositif de casiers dits solidaires, visibles à l’angle de l’avenue du Rhône et de Loverchy, ainsi qu’aux Romains.
Ces casiers individuels ont un but précis : permettre à des personnes sans domicile, en lien avec le CCAS (centre communal d’action sociale) d’Annecy, de stocker leurs effets personnels de manière sécurisée. « C’est un enjeu important quand on est sans domicile, explique Nicolas Bertrand, délégué général d’Emmaüs Alternatives, qui a fait le déplacement à Annecy pour inaugurer le dispositif le 2 décembre dernier. Un casier comme ça, ça réduit les violences, les vols, on sait que c’est une des problématiques de la rue. Et surtout, ça libère l’esprit de la personne », qui peut se concentrer sur ses démarches en tous genres, sans avoir à se demander s’il retrouvera ses affaires le soir suivant. En d’autres termes, selon ce spécialiste de la question, « ça ne vaut pas une solution d’hébergement mais c’est un tremplin vers la sortie de rue ».
Une clé contre un engagement écrit
« On délivre une clé à une personne qui s’engage, via un contrat signé, à être dans un processus d’accès aux droits », précise Bénédicte Serrate, adjointe au maire d’Annecy, en charge de l’action sociale. Autrement dit, la personne aidée, identifiée au départ par les services sociaux, doit démontrer sa bonne volonté, et la réalité de ses démarches administratives, type rattachement à la CMU (couverture médicale universelle), la recherche d’un logement, d’un emploi… La personne reçoit donc une clé individuelle, pour une durée maximum de deux ans, avec des points d’étape réguliers pour valider cette attribution.
Pour l’heure, Annecy s’est donc dotée de 12 casiers, pour un budget compris « entre 30 et 40 000 euros », détaille l’élue. D’autres pourraient apparaître à l’avenir, mais leur installation dépend de nombreux paramètres techniques.
À Annecy, le nombre de personnes se trouvant à la rue est d’environ 80, d’après les services de la Ville. Un chiffre a cependant explosé ces dernières années dans la cité lacustre : le nombre de personnes qui ont pris pour adresse le CCAS d’Annecy, c’est-à-dire qu’ils logent soit dans la rue, soit chez des tiers, sans solution fixe. Elles étaient 800 en 2018, elles sont environ 1 900 aujourd’hui.