L ’explosion des locations Airbnb est un sujet qui préoccupe votre association. Quelle est la situation ?
« Le constat en vieille ville d’Annecy, en centre-ville et aussi à L’Avant-Scène [secteur des Marquisats, NDLR] est très grave. Ces zones-là sont complètement captées par ces locations. À L’Avant-Scène, on estime à 40 % voire 50 % les locations courte durée sur le nombre total de logements. C’est-à-dire qu’il y a des investisseurs qui, au prix d’à peu près 14 000 euros le m2, investissent massivement dans ces endroits pour louer en location de courte durée. En sachant que la rentabilité est hors-norme, puisqu’on parle de quatre fois celle d’une location classique. En vieille ville, on constate des immeubles entiers où il n’y a plus que ce type de logements. La raison est que ce type de location a fortement fait augmenter les prix et que ça crée des conflits de voisinage tels que les gens s’en vont.
Pour quelle raison ce phénomène vous inquiète-il ?
Ça pousse à faire partir des gens qui étaient là de façon historique. Dans les vieux quartiers, il y a encore beaucoup de gens âgés. Pour eux, c’est un cataclysme. On se retrouve avec des immeubles tellement vides que c’est une porte ouverte à la prostitution ; des immeubles non-entretenus, où ne s’applique aucune vigilance, les portes restent toujours ouvertes, les poubelles déposées n’importe où. Certaines personnes ont témoigné que, dans les cours d’immeuble, des jeunes viennent dealer parce qu’il n’y a plus de voisins. C’est une transformation de ce quartier en une zone qui va être extrêmement difficile à gérer et qui ne va plus être un quartier d’habitation.
Que pensez-vous de l’instauration d’un quota ?
Nous soutenons cette mesure de fermeté. Nous voyons par contre des difficultés d’application et de suivi. Nous serons extrêmement vigilants à ce que ce qui est proposé soit réellement effectué. Je pense qu’il va y avoir un travail à faire de transparence, d’information des résidents. Nous avons peur qu’il y ait des pressions de groupes financiers qui essayent de le contourner. Nous sommes favorables à des jauges très limitées. À moins de 1 000 [meublés de tourisme en moins], il n’y aura pas de changement. Et, si ce n’est pas appliqué, je pense qu’il faut mettre une croix sur le quartier historique. Il ne sera plus que le terrain de jeu de restaurants, de cafés et de magasins pour touristes. Ça sera une coquille vide dans laquelle il n’y aura plus personne. »