Valserhône
Sébastien Capazza, appartient à la Compagnie Fracas, il est compositeur et musicien du spectacle et répond à nos questions.
Sébastien, qu’est-ce que la Compagnie Fracas ?
C’est une compagnie créée en 1997 par Roland Bourbon. A l’époque je le connaissais déjà et je l’ai rejoint en 2001. On a toujours défendu des spectacles mélangeant musique, danse, théâtre, des chants ; mêler les publics aussi. C’est un peu notre spécificité. On a beaucoup joué pour des publics atypiques (dans le milieu du handicap, de la psychiatrie). Avec Bonobo, notre dernier projet, on a reçu un très bon accueil.
Vous étiez amis avec Alfred, le dessinateur avant de travailler ensemble ?
On a un réseau de potes avec qui on travaille. Avec Alfred, ça fait une bonne dizaine d’années qu’on se connaît. On a commencé à s’inviter sur des productions de spectacles. Il a un groupe, le «Crumble club» avec lequel j’ai fait des percussions.
Un jour, je lui ai demandé s’il n’avait pas une BD dans ses tiroirs. Ça a démarré comme ça et après réflexion, il m’a dit : « On ne va pas faire ça. Je vais partir sur une vraie création de dessin. »
Quelle est la genèse de cette histoire ?
On a imaginé différents scénarios. Ma seule demande était qu’il n’y ait rien à lire, que tout soit graphique. J’aimais bien l’idée de partir d’un tandem, avec un personnage et un singe. Après, Alfred s’est mis à l’écriture.
Et ensuite, pour la création ?
On a avancé tous les deux côte à côte. Pendant qu’il dessinait j’enregistrais de la musique. On a avancé comme ça pendant quelque temps, j’ai accumulé un gros stock de musique. Quand le film a été monté (il dure 40 minutes) j’avais 1 h 20 de musique. J’ai élagué, réécrit.
Vous êtes parti d’un thème à décliner ?
J’aime bien parler de couleur musicale. C’est comme s’il n’y avait qu’une tonalité, une gamme. De temps en temps j’enlève du bleu, je rajoute du rouge. Il y a un disque qui m’a inspiré et dont je suis fan, c’est la B. O. du film Dead Man de Jim Jarmusch. Il y a un côté lancinant avec des ajouts de bruitages, des frottements.
Et pour les instruments ?
J’utilise beaucoup ceux de mes ateliers : saxo, guitare et une bonne partie de mon bazar. Ce sont des instruments atypiques faits de bric et de broc, rien n’est hiérarchisé. Souvent à la fin du concert les enfants sont plus impressionnés par mes tuyaux en plastique de chez Casto que par mon saxophone qui a une réelle valeur marchande.
Le spectacle Bonobo de la Compagnie Fracas dimanche 27 novembre à 15h au théâtre Jeanne-d’Arc. A partir de 6 ans. Tarif jeune public. Le spectacle est présenté dans le cadre du festival BD dans l’Ain.
Un spectacle différent à chaque représentation
Le spectacle est à la fois sur l’écran et sur la scène ?
Les regards sont principalement tournés sur l’écran. Pendant les transitions, quand je me déplace d’un instrument à l’autre on jette un coup d’œil pour voir ce qui se trame.
C’est une musique narrative ?
J’espère que c’est une musique sensible qui va générer une émotion. La narration est dans l’image, le son permet de s’évader. Elle est dans le travail collectif. Xavier, le monteur y a aussi contribué. Il a bien aimé le côté plus artistique du projet. D’ailleurs, on va retravailler ensemble avec 3 musiciens sur scène, des vieux potes toujours, et Alfred aux images. J’ai envie d’impulser ça comme si c’était un groupe.
Il y a une part d’impro dans l’interprétation ou c’est réglé comme du papier à musique ?
C’est entre les deux. Si c’était trop réglé je ne m’amuserais plus. C’est assez précis au pour les changements de séquences, mais assez élastique entre-temps. L’interprétation est liée à l’instant. Elle varie selon mon énergie, la taille de la salle et le volume sonore que ça dégage. C’est ça la magie du spectacle vivant.
A quel public s’adresse le spectacle ?
A tout public à partir de 6 ans. C’est un conte, mais il y a quand même un monstre qui peut faire peur aux touts petits. Ça marche aussi avec un public d’adultes. Il n’y a pas de paroles, donc ce n’est pas verbalisé particulièrement pour les enfants.
Chacun se fait son histoire en regardant les dessins. Le postulat de départ c’est un appel à la contemplation.