Chablais : une nouvelle association pour les victimes de violences

De gauche à droite, Charlène, Sabrina, Shekina et Agathe en pleine réunion de préparation de l'assemblée générale constitutive.
De gauche à droite, Charlène, Sabrina, Shekina et Agathe en pleine réunion de préparation de l'assemblée générale constitutive. - Messager

Parce qu’en plus des violences subies, il est souvent difficile de trouver une oreille attentive, Shekina a lancé, en octobre 2020, à Massongy, un cercle de paroles. Un moment d’échange où les femmes, mais parfois aussi des hommes, viennent se délester de leur histoire. Des instants où parler permet de se lâcher, de confier ses doutes et ses inquiétudes et de trouver une écoute bienveillante, à la recherche de réconfort et de solutions. « ‘‘ Je te crois’’ est la première chose qu’on dit à ceux qui rejoignent le cercle, pour qu’ils sachent que leur parole ne sera pas mise en doute », explique Shekina.

Au fil de ces cercles de paroles, qui se tiennent tous les premiers jeudis du mois à la ludothèque de Massongy, il est apparu qu’il fallait aller plus loin et mettre en place un collectif.

La création de l’association ‘‘Je te crois’’ en est la suite logique. Elle est composée de femmes qui, un jour ou l’autre, à des degrés divers, ont été confrontées à la violence.

L’idée d’une association a alors germé, qui aurait l’avantage d’avoir plus de poids et de crédibilité. «  Le but est de proposer dans le Chablais, un espace d’accueil, d’écoute et d’accompagnement, qui met à disposition des outils et des ressources, pour les victimes de violences et leur entourage. Des violences qui peuvent être sexistes, sexuelles, familiales, gynécologiques, psychologiques ou financières », détaille Shekina.

Bientôt un site web

L’autre objectif recherché est de lister toutes les associations existantes avec leurs spécificités et d’établir un répertoire de thérapeutes formés aux différentes thématiques des violences. Ces informations seront consultables sur un site internet, afin que chacun puisse avoir accès à un accompagnement approprié.

‘‘Je te crois’’ recherche des personnes compétentes en graphisme, en création de site internet et en communication pour les aider à mener à bien ce projet. Rendez-vous vendredi 18 novembre pour l’assemblée générale (voir ci-contre).

Première assemblée générale le 18 novembre

L’assemblée générale constitutive de l’association ‘‘Je te crois’’ se tiendra le 18 novembre à 19 heures à la salle des fêtes de Massongy. La séance est ouverte à tous, personnes souhaitant aider ou obtenir de l’aide. La cotisation annuelle pour les adhérents est fixée à 15 euros.

Pour plus de renseignements sur l’association : jetecrois.asso@protonmail.com ou Association Je te crois, 1 chemin des Tattes, 74140 Massongy.

«J’ai subi des violences sexuelles tout au long de ma vie»

Les personnes victimes de violences ont encore du mal à parler d’elles et de leur vécu. La peur, la dépendance, la honte sont un frein aux confidences. Et les tabous sont tenaces, qui culpabilisent les victimes. Et si les témoignages se veulent discrets, nous avons cependant recueilli celui d’une jeune femme qui vit dans le Bas-Chablais.

« J’ai subi des violences sexuelles tout au long de ma vie : inceste, agressions sexuelles, violences gynécologiques, viols, viols conjugaux sans vraiment savoir que s’en étaient. Je me croyais responsable… Je l’avais bien cherché… Je ne m’étais pas assez protégée… Je n’avais qu’à pas boire… Ce n’était pas si grave… D’autres avaient connu pire… Toutes ces affirmations, que je me répétais en boucle, entretenaient culpabilité, honte et dégoût. Personne autour de moi, encore moins ma société, n’a tenté de me comprendre, encore moins de me croire. D’ailleurs, je ne me croyais pas moi-même ! Il y a quelques années, suite à la vague #MeToo, j’ai commencé à marcher sur le, difficile mais salutaire, chemin de la guérison. »

La suite du témoignage donne à l’association ‘‘Je te crois’’ toute sa légitimité et l’importance de son existence. « J’ai cherché, dans le coin, les associations qui pourraient m’aider, et n’ai rien trouvé qui corresponde à mes besoins. Plus grave encore, personne n’a su où me diriger. »