Berceau de la haute horlogerie helvétique, la Vallée de Joux, historiquement spécialisée dans le domaine des « grandes complications », a su préserver son cadre pittoresque.
Dans une ancienne ferme horlogère datant des années 1800, entièrement restaurée par ses soins, Olivier Piguet a reconstitué un atelier à l’ancienne, où il transmet son savoir-faire à tous les amoureux des belles tocantes. « Je suis né dans les montres, nous confie-t-il. Comme mon père, j’ai appris le métier à l’Ecole Technique du Sentier, avant de travailler avec lui pendant vingt ans dans le magasin familial, à la vente et la réparation. A la suite d’un braquage à main armée particulièrement traumatisant, j’ai décidé de changer de vie… ». Mais pas de passion.
Son idée : fort de son expérience, fonder en Suisse le premier Centre d’Initiation à l’Horlogerie afin de permettre à des non professionnels de se glisser dans la peau de l’horloger, en travaillant, une loupe vissée à l’œil, à l’établi. Ainsi, durant deux jours de cours, les participants - jamais plus de deux ou trois par session -, vont d’abord être familiarisés par Olivier Piguet à l’histoire des artisans de la vallée, au fonctionnement et aux enjeux du marché actuel - ce qui intéresse beaucoup les collectionneurs - avant de s’immerger dans les réglages d’un mouvement mécanique. « Je leur apprends à nettoyer, huiler, démonter et remonter une montre squelette d’excellente qualité, poursuit-il. Ils pourront la personnaliser en choisissant boîtier, cadran, aiguilles et bracelet et, bien sûr, la garder en souvenir. »
Depuis 2008, le succès est au rendez-vous. Car ces cours sont aussi des moments de grande convivialité autour de repas faits maison. « Mon problème est que mes stagiaires m’envoient leurs amis ! Pour les inscriptions, il faut donc s’y prendre au moins huit mois à l’avance. Ce qui me rend le plus heureux ? Certains me rappellent en me disant qu’ils ont rangé leur Rolex ou leur Reverso dans le tiroir pour porter au quotidien la montre qu’ils ont construite eux-mêmes avec fierté… »
L’un des établis de la ferme est particulièrement remarquable car c’est sur celui-ci que fut réalisée par Victorin Piguet, de 1928 à 1933, la mythique Supercomplication Henry Graves de Patek Philippe. Avec ses 110 roues, 50 ponts, 430 vis, 120 composants de mécanisme, 70 joyaux, 2 cadrans et 19 aiguilles, elle est considérée comme un chef d’œuvre de virtuosité inégalée.
olivierpiguet.ch