Orienter les élèves en bac pro, selon les besoins de l’offre d’emploi sur le territoire, revêt, au moins, deux inconvénients supplémentaires, pour Eric Perocheau. « La plupart, qui ont choisi par défaut, vont être contraints de s’orienter vers des métiers très spécifiques, qui n’intéresseront pas beaucoup d’entre eux. D’autre part, on les condamne à une qualification faible et donc à des bas salaires, dès leur sortie du collège. Il s’agit là d’une véritable rupture du principe d’égalité. »
Mais en quoi consisterait cette offre locale ? Quels sont les plus gros employeurs du bassin bellegardien ? L’Ain étant l’un des départements les plus industrialisés de France, trois des quatre plus gros employeurs du bassin, totalisant 100 salariés et plus, sont du secteur industriel, ou du bâtiment : Akwel (MGI Coutier Champfromier), Famy, Ball Aerosol (Cebal) et Carrefour Valserine.
C’est donc vers des métiers très industriels que les bac pro seront orientés ? A priori, oui. A terme, si la réforme, telle qu’elle a été imaginée par le gouvernement, entre en vigueur, le conseil d’administration du lycée pourrait accueillir une nouvelle tête : un chef d’entreprise !
« Le souhait étant d’inféoder complètement l’offre de la formation professionnelle aux besoins des entreprises locales, explique Eric Perocheau. Mais même si c’est une volonté assumée, je la trouve complètement déconnectée de la réalité et des besoins réels des entreprises. Je ne vois pas quel chef d’entreprise va perdre son temps à présider un conseil d’administration… »