Bassin bellegardien : avec la flambée des prix, nos entreprises naviguent à vue

Le secteur de l’horticulture et de la floriculture subi de plein fouet l’inflation des énergies et des matières premières.
Le secteur de l’horticulture et de la floriculture subi de plein fouet l’inflation des énergies et des matières premières.

Après deux années de difficultés liées à la pandémie de Covid-19, commerçants, artisans et entreprises en général auraient volontiers cru que les mauvais jours étaient derrière eux. Pourtant, les crises n’ont eu de cesse de se succéder.

Celle des matières premières, se traduisant par de grosses complications en approvisionnement, notamment pour les entreprises du secteur bâtiment et travaux publics a duré et les prix ont explosé.

« Dans les métaux comme l’aluminium, l’acier, le cuivre ou tout ce qui est fer d’ossature pour le second œuvre, c’est là que l’augmentation est la plus forte, mais on connaît aussi une inflation sur le bois et le matériel électrique, détaillait David Kit, de l’entreprise du bâtiment Kit Bat, dans nos colonnes le 30 juin dernier. On est dans une vision à moyen terme complètement floue, et on ne sait pas quel est le meilleur moment pour stocker ou acheter… »

Depuis quelques mois, à cette première crise s’est ajoutée celle des énergies  ; avec des factures de gaz, de fioul, d’électricité toujours plus salées pour les professionnels, là encore de secteurs divers et variés.

Période maussade pour la production de fleurs

Denis Marcet est horticulteur à Seyssel, sa production fleurs et légumes confondus, occupe une surface équivalente à environ 12 hectares de plein champ, 2 000 m² de serre de fleurs et 8 000 m² de serre «tunnel» pour les légumes. Il constate aujourd’hui une inquiétante flambée des prix. « On chauffe une partie de notre production au fioul, l’autre au gaz, par chance on a fait le plein du gaz l’année passée, confie le producteur. Pour le fioul, on a fait le plein pendant le deuxième confinement, il était à 67 centimes le litre, là on l’a payé à 1,59 €, c’est quasiment le triple du prix de base. » A cela, il faut encore ajouter les matières premières nécessaires à son activité qui ont augmenté « du simple au double », d’après Denis Marcet. Les engrais, le terreau, le coût du transport lié à la hausse des carburants, en constitue une liste non-exhaustive. Celui qui s’apprête à reprendre cette affaire familiale qui va bientôt fêter ses 30 ans, constate de nouveaux coûts qui n’existaient pas auparavant. « Par exemple, lorsque l’on se fait livrer les plaques de boutures pour les fleurs, on paye un supplément qu’on ne payait pas avant, soit par palette, soit par plaque, explique Denis Marcet. Il y a plusieurs éléments qui se rajoutent à la facture, ce qui augmente encore plus nos dépenses. »

« On ne pourra pas vendre à des prix indécents »

Comment faire face ? En augmentant, à son tour, les prix ? Pas sûr qu’il s’agisse du choix le plus opportun…

« Le problème, c’est justement de répercuter toutes ces hausses sur ce que l’on gagne. On bouffe notre marge, mais arrive un moment où ce sera difficile de continuer ainsi. On ne pourra pas vendre à des prix indécents parce que notre clientèle partira à la concurrence, vers des structures plus grosses que nous et qui ont les moyens de pouvoir réduire leur marge, tout en brassant le double ou triple de nous… »

Petite note d’optimisme toutefois, l’arrière-saison est plutôt bonne, ce qui va permettre de retarder légèrement la période de chauffe…

En chiffres

474,17 € C’était le prix moyen du mégawattheure (MWh) en septembre 2022, alors qu’il était de 37,97 € en janvier 2020 et de 211,58 € en janvier 2022. (source  : Le Monde x EPEX Spot ENTSOE-E Transparency Platform)

11,8 % C’est l’inflation des produits alimentaires calculée par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), sur un an.