C’est avec une grande tristesse que nous avons appris, le 20 octobre dernier, le décès à l’âge de 94 ans d’Yvette Perrotin, après de nombreux mois de maladie. Yvette était la présidente historique et emblématique de l’association crématiste de Bellegarde, qu’elle a fondée avec son mari Denis en 1987 et l’aide précieuse du maire d’alors, Marcel Berthet. Une époque où la crémation était encore mal vue de l’Eglise.
La plus grosse association du pays bellegardien
L’association, qui comptait 47 membres à ses débuts, en comptait plus de 500 en 2012, c’était alors la plus grosse association du pays bellegardien, qui comptait également – compte encore – nombre de Gessiens parmi ses membres.
Yvette aimait à dire que c’est le souvenir de l’enterrement de sa grand-mère qui l’avait amené à la philosophie crématiste : « Je me souviens encore du bruit de la terre et des pierres sur son cercueil, quand j’étais petite, ça m’a marquée… » nous confiait-elle lors d’une interview en 2012.
Un cœur grand comme ça, une énergie sans limite, une volonté inflexible
C’est ainsi qu’elle a intégré l’antenne locale des crématistes (rattachée à Saint-Julien-en-Genevois) au début des années 80, avant de monter sa propre association bellegardienne, avec le succès que l’on sait, et dont le siège était ni plus ni moins qu’à son domicile, 6, rue des Narcisses.
Sa présence, sa disponibilité, son empathie, son investissement auprès des familles en deuil ont été sans limite. Elle apportait, outre des solutions funéraires à des prix raisonnables et des tarifs préférentiels, du réconfort à toute heure de la journée, guidant dans les démarches, vérifiant les bons de commande, accompagnent défunt et famille au crématorium, organisant même des cérémonies civiles…
Le monde crématiste lui doit beaucoup
A Yvette, le monde crématiste doit beaucoup. Avec son association, elle a obtenu le columbarium de Bellegarde, agrandi cinq fois, puis un très beau jardin du souvenir ; on lui doit encore le columbarium d’Arlod et les équipements cinéraires de nombreuses autres communes du canton… Elle a même négocié, auprès d’une banque, un livret obsèques pour ses adhérents, sans frais d’entrée, de gestion ni de clôture. Il sert au financement les funérailles. Elle a collecté des fonds pour le premier scanner de l’hôpital de Saint-Julien, pour acheter un fauteur roulant électrique, aider une personne tétraplégique… Elle s’est battue, également, quand le crématorium de La Balme s’est trouvé en difficulté, en 2015. Bref, elle était infatigable quand il s’agissait d’aider autrui.
Même malade, elle a assuré
Après 30 années de dévouement, Yvette, âgée de 89 ans, a cherché en 2017 à passer la main. Mais difficile de trouver quelqu’un. Faute de successeur, et malgré une santé fragilisée dont elle ne parlait à personne, la vaillante présidente a poursuivi, épaulé par son fidèle mari, son sacerdoce jusqu’au bout.
L’autre chemin
Toutefois, sentant sa dernière heure arriver, Yvette Perrotin a pris la décision de ne pas se faire crématiser. Non qu’elle ait renié ses convictions de toujours ; mais, explique son mari Denis, « les exigences permanentes de la Fédération française de crémation sans égard à son état de santé, l’indifférence générale de certains crématistes, l’absence de visites durant ses mois de souffrance, l’ont sans doute minée et poussée à cette décision. Que je comprends parfaitement. »
Yvette a été enterrée au cimetière de Bellegarde le 25 octobre dans la plus stricte intimité.
On ne sait encore, à cette heure, si l’association (qui compte encore 300 adhérents), lui survivra.