Passage à l’heure d’hiver : le changement d’heure permet-il vraiment de faire des économies d’énergie ?

Le passage à l’heure d’hiver permet-il vraiment de faire des économies d’énergie ?
Le passage à l’heure d’hiver permet-il vraiment de faire des économies d’énergie ? - Photo d’illustration (Unsplash)

Que disent les chiffres ?

Pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le changement d’heure (cette année, c’est dans la nuit du 29 au 30 octobre  !) permet de faire des économies, mais elles sont beaucoup plus modestes qu’avant et concernent principalement l’éclairage. Ainsi, en France, l’Ademe estime que le passage à l’heure d’été permet de générer des économies d’environ 0,07 % de la consommation annuelle d’électricité, soit 351 GWh/an en 2014, ce qui a un effet minime pour ne pas dire invisible sur la facture de chaque Français. Ce chiffre diminue un peu chaque année et devrait atteindre un plancher de 300 à 340 GWh vers 2030. Dans les années 1990, l’économie était quatre fois plus grande !

De même, la Commission européenne a calculé que les gains sont «  marginaux » : le changement d’heure permettrait d’économiser entre 0,5 et 2,5 % de la consommation énergétique totale des pays européens. D’ailleurs, avant que le Covid ne passe par là, la Commission européenne avait elle-même décidé de supprimer le changement d’heure, mais ça, c’est une autre histoire…

En revanche, l’Ademe constate que le changement d’heure « soulage » toujours les pics de consommation sur le réseau électrique. Car, pour l’Ademe, «  c’est au printemps, et à l’automne, que des risques élevés de marges insuffisantes de puissance sont observés ». Autrement dit, s’il n’est plus utile du tout côté économies d’énergie, comme de facture, le changement d’heure permettrait encore au moins de lisser un peu les pics de consommation  : en 2009, ce changement d’heure a ainsi permis une diminution de 3,5 GW de la « puissance appelée » à 19 h. Selon les prévisions, en 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW.

Pourquoi est-ce moins efficace qu’avant ?

Cette économie est de moins en moins grande parce que l’éclairage, que ce soit dans les foyers ou dans la rue, est de moins en moins énergivore notamment grâce aux ampoules basse consommation. Ce sera d’autant plus vrai cet hiver, où de nombreuses communes ont en plus choisi d’éteindre leur éclairage public une partie de la nuit.

Ensuite, les comportements se sont « adaptés » : avec les soirées plus longues, des emplois avec des horaires moins matinaux et une société qui globalement se couche plus tard, les activités de loisirs le soir se sont développées, consommant aussi de l’énergie. Enfin, de nombreux appareils électriques sont apparus dont la consommation dépend peu du fait qu’il fasse jour ou pas : box, chargeurs…

Mais d’autres gains électriques pourraient aussi progresser : ainsi avec la probable banalisation de la climatisation, le changement d’heure pourrait générer de nouvelles économies d’ici 2030 (jusqu’à 130 GWh), à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température heure par heure, indique l’Ademe.

Moins efficace qu’avant sur la consommation d’énergie et quasi sans effet sur la facture donc, mais pas encore totalement inutile !