La « bombe sale » prétexte à une nouvelle escalade de la guerre entre Russie et Ukraine?

La bombe sale, nouveau prétexte à relancer un conflit qui s’éternise entre Russie et Ukraine.
La bombe sale, nouveau prétexte à relancer un conflit qui s’éternise entre Russie et Ukraine. - Photo d’illustration Pixabay

Un nouvel argument utile à prolonger le conflit

L’utilisation d’une bombe sale, c’est le nouvel argument de la Russie contre l’Ukraine dans l’escalade ou la prolongation du conflit qui oppose les deux pays. Entre Vladimir Poutine, son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou et le chef des armées russe, il est d’évidence que l’Ukraine s’apprête à faire usage d’une bombe sale contre la Russie. Dimanche 23 octobre 2022, le ministre de la Défense s’est adressé au téléphone et dans ce sens à de nombreux chefs d’états occidentaux et au président américain. Lundi 24 octobre, la Russie assurait que l’Ukraine était entrée dans la phase finale de fabrication d’une telle bombe. Cette dernière disposant de tous les matériaux nécessaires pour une telle réalisation même si elle ne dispose pas de l’armement nucléaire, a aussi affirmé le belligérant. « L’Ukraine veut intimider la population locale, augmenter le flux de réfugiés vers l’Europe et accuser la Fédération de Russie de terrorisme nucléaire. »

Qu’est-ce qu’une bombe sale

Cela n’a rien à voir avec une bombe nucléaire du type de celle utilisée sur Nagasaki notamment. C’est un engin beaucoup moins complexe à élaborer qu’une arme nucléaire, sur la base d’une bombe classique, mais porteur d’éléments radioactifs ou biologiques susceptibles d’être disséminés sur un vaste territoire lors de l’explosion. Pour le contaminer, contaminer à retardement les habitants, la faune, la flore, pour imposer l’exode aux populations concernées. Ainsi donc pour dépeupler et neutraliser des territoires entiers. « L’effet recherché est surtout psychologique, afin de terroriser des populations. Les pathologies liées à l’exposition aux radiations mettent plusieurs semaines, mois, voire années avant de se déclarer, selon le niveau d’exposition », explique le spécialiste des armes chimiques, Olivier Lepick, à France Info.

Mais que cache réellement cette stratégie d’alarme, mise en avant ?

La Russie accuse l’Ukraine, mais ne serait-ce pas plutôt la Russie elle-même qui serait susceptible de faire usage de telles armes destructrices, ou à tout le moins d’effrayer les populations et de se relancer dans un conflit où elle semble s’essouffler ? C’est la position avancée dans la réaction des états européens (communiqué commun des ministres des affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis) qui ont été contactés par le ministre russe de la Défense. « Nos pays ont indiqué clairement qu’ils rejettent les allégations, à l’évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l’Ukraine s’apprête à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. Personne ne serait dupe d’une tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade. Nous rejetons plus généralement tout prétexte d’escalade de la part de la Russie. »

Répondant aux questions de France Info, Galia Ackerman, historienne et journaliste, spécialiste de la Russie et de l’espace post-soviétique, avance, elle, plutôt l’idée que « ces avertissements peuvent signifier que les Russes pourraient préparer une attaque avec une bombe sale ». Ajoutant : « Je pense que ce qui risque de se produire, c’est exactement l’inverse. Tout comme avant de déclencher l’invasion de l’Ukraine, les Russes disaient que c’était les Ukrainiens qui voulaient attaquer la Russie. Ils ont fait la même chose en Syrie quand il y avait Bachar qui a utilisé l’arme chimique, les Russes disaient que c’était les casques blancs qui faisaient des attaques chimiques pour nuire à la réputation du régime de Bachar el-Assad. Dans ce cas, ces avertissements peuvent signifier que les Russes pourraient préparer une attaque avec une bombe sale. »

Elle dit en outre que la centrale électrique de Zaporiija pourrait être une des cibles de ces bombes sales. « La centrale de Zaporijjia pourrait être la cible de cette attaque russe, même s’ils feraient passer ça pour une attaque ukrainienne. Mais s’ils arrivent à faire exploser l’un des réacteurs de cette centrale – la plus grande d’Europe – cela pourrait créer des effets similaires à la catastrophe de Tchernobyl mais sur un territoire encore plus étendu. La stratégie russe, c’est la dépopulation de l’Ukraine : ils ont déjà fait migrer vers l’Europe des millions de personnes, cela provoquerait un énorme exode. »

L’un et l’autre s’accusent des pires maux et au final il est toujours et même de plus en plus impossible d’avancer une quelconque hypothèse de règlement et de cessation de ce conflit meurtrier, destructeur et particulièrement lourd de conséquences sur l’ensemble de la planète.