Elle a un titre de championne du monde par équipe et plusieurs médailles individuelles. Pourtant Éloïse Moreau considère que c’est un titre national qui la rend la plus fière. Pas en France, elle en a trois, mais en Italie : « Remporter un titre à l’étranger, surtout chez les Italiens, j’en suis fière » sourit-elle, se souvenant qu’ils étaient assez peu heureux de voir une étrangère gagner le concours, une femme qui plus est.
Tous ces titres ont été le fruit d’un long travail. Malgré que personne ne fasse un métier s’approchant de la coiffure dans sa famille, la jeune Éloïse savait déjà qu’elle voulait coiffer. N’ayant jamais changé d’avis au moment du choix de son orientation, elle a logiquement entamé un CAP Coiffure en 2012 : « Je savais que je voulais travailler le plus vite possible et entrer dans la coiffure, d’où l’alternance ».
Une victoire en inspire une autre
Deux ans après son entrée dans le métier, elle assiste au sacre d’une Française aux championnats du monde de Francfort, en 2014. La gagnante est originaire de la Sarthe voisine de l’Eure-et-Loir d’où Éloïse Moreau est originaire, et elle la connaissait. Elle se mit alors en tête d’entrer en équipe de France pour connaître à son tour les joies de la victoire et des championnats. Pour ce faire, il fallait terminer dans les cinq meilleurs d’un concours de sélection. À force d’entraînement, la Nogentaise a su s’emparer de la victoire, faisant ensuite partie du collectif tricolore.
Désormais, l’entraînement ferait partie intégrante de sa vie. Il fallait trouver assez de temps pour assister aux cours, travailler en entreprise, passer ses examens et viser l’excellence. « On ne compte plus les heures, affirme-t-elle, on s’entraîne comme un sportif de haut niveau ». C’est ainsi le matin avant d’entamer sa journée et le soir jusqu’à très tard qu’elle s’est entraînée sans relâche pour répondre aux exigences du concours, mettant sa vie « entre parenthèses ».
Un apport non négligeable
Éloïse Moreau considère qu’avoir participé à ces concours lui a apporté pour la suite de sa carrière. Les coupes et coiffures effectuées nécessitent un niveau technique particulier, et ce sont des choses qui ne sont pas reproduites dans un salon de coiffure puisque reposant sur des critères particuliers. Elle considère d’ailleurs que c’est attirant pour sa clientèle, pouvant mettre ses titres en avant sur sa vitrine ou sur son site.
Elle a d’ailleurs ajouté une corde à son arc en devenant Maitre Artisan Coiffeur à l’ouverture de Joliesse, son établissement jacquemard. Ce titre est la plus haute distinction qui soit dans l’artisanat. il garantit la reconnaissance d’un savoir-faire, gage de qualité envers le consommateur. En effet, il ne s’acquiert qu’après des années d’expérience et est attribué par le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
Bien qu’elle ait décidé de mettre les concours de côté, Éloïse Moreau veut continuer à apprendre. Elle suit donc une formation de coupe énergétique à Bruxelles avec Sébastien Ledentu, ce qui lui permettra d’offrir un nouveau service.
Il n’est possible de participer aux championnats du monde de coiffure qu’en étant qualifié avec son équipe nationale. Un cadre est donné à l’avance, qui permet d’avoir les consignes de base de ce à quoi doit ressembler la coiffure présentée par les participants : couleur, forme… Ces consignes sont généralement données plusieurs mois à l’avance pour laisser le temps à chacun de s’entraîner, mais elles peuvent être changées au dernier moment.
L’idée est que les participants puissent s’entraîner sur une coiffure en particulier les mois précédant la compétition de manière à la reproduire dans un temps imparti le jour J : on parle d’une durée de 15 à 20 minutes.
La technique et le résultat sont enfin jugés par un jury qui établit un classement.
Des champions du monde à Taninges, ça ne court pas les rues. Originaire de la Sarthe, à côté du Mans, c’est pourtant bien là qu’Éloïse Moreau a décidé d’ouvrir son salon, qu’elle a appelé Joliesse. Pourtant, elle explique que plus tôt elle voulait « tout sauf ouvrir [son] salon de coiffure ». Son choix de s’installer dans la région a été dicté par son amour pour la Haute-Savoie : « C’était une évidence pour moi de m’installer ici ». Quitte à traverser la France en largeur, elle s’est alors dit qu’elle pouvait bien ouvrir son propre établissement. L’opportunité se présentant de reprendre celui du vieux bourg de Taninges suite à un départ en retraite, elle s’en est emparée.
Le bouche-à-oreille a fait son travail. Bien qu’elle n’ait jamais particulièrement communiqué sur son établissement, la clientèle vient de loin. Certains viennent ainsi de Suisse ou d’Annecy jusqu’à Taninges pour se faire coiffer par une championne du monde.