Qui était «Momo» ? Tous ceux qui l’ont connu ici sont unanimes sur deux principaux traits de caractère. « Il était très sympa, très serviable, il allait me chercher le journal quand je l’avais oublié, illustre Hélène, derrière le bar de la Taverne d’Ali Baba, rue de la Liberté. Une fois, j’avais abîmé ma ceinture, il s’est rendu chez le cordonnier pour me la faire réparer. Lorsqu’il revenait de Blois (Loir-et-Cher), d’où il était originaire, il me ramenait souvent des fromages de chèvre. Momo venait ici trois, quatre, cinq fois par jour, parfois. C’était vraiment l’ami des commerçants, on était sa famille ! C’était aussi une vraie tête de mule. »
Une passion pour la cueillette des champignons
Cédric Oriol, cuistot de l’établissement, connaissait Momo depuis huit ans, depuis son passage à Allo Pizza, un restaurant qu’adorait le septuagénaire. De là, une relation d’amitié s’est nouée entre les deux hommes, notamment autour de ce qui constituait une véritable passion pour Momo : la cueillette de champignons. « J’étais avec lui, lorsque c’est arrivé… C’était la deuxième fois que l’on se rendait là-bas (à Franclens), il y avait repéré un coin de trompettes de mort. » Très vigilant sur la météo, le Bellegardien connaissait moult coins à champignons qu’il s’empressait de retrouver après un jour de pluie. Souvent vêtu de son polo rayé bleu clair et blanc, il aimait également le sport. « Les paris sportifs, le tiercé et les champignons c’étaient ses trois sports, ses passions », indique Hélène.
Fidèle du don du sang
Sa gentillesse, Michel Torelle, son voisin de 85 ans, du 25 rue Jean-Jaurès, en était aussi un témoin privilégié. « Il m’emmenait en voiture, régulièrement, pour faire mes courses ou aller plus loin, comme à Annecy. » Une générosité aussi illustrée dans le cadre du don du sang, un rendez-vous qu’il ne ratait pour rien au monde, d’après l’une de ses connaissances.
Tous ces gens, tous ses amis de la Taverne d’Ali Baba, auraient aimé lui rendre un dernier hommage, à la hauteur du personnage qu’il représentait pour eux. « Nous aurions bien aimé apposer une plaque ou quelque chose dans le genre sur sa sépulture, mais malheureusement, ce n’est pas possible, confie Hélène. C’était un gars du quartier avec une personnalité unique, dont on se souviendra. »
Juste après le drame, les services de secours et les gendarmes de Seyssel sont rapidement intervenus grâce à la géolocalisation du téléphone portable de Cédric Oriol. Le maire de Franclens, Jean-Louis Magnin s’est aussi rendu sur les lieux. « Je tiens vraiment à les remercier pour leur travail et leur accompagnement », tient à souligner le cuistot de La Taverne d’Ali Baba, qui vit actuellement un moment très difficile. Momo, qui détestait être appelé par son vrai prénom, n’a pas pu être identifié de suite. « Je ne connaissais pas son vrai nom, ni même son prénom, raconte Cédric Oriol. Il n’est pas du tout «mort dans l’indifférence», comme certains ont pu le dire et l’écrire, sur les réseaux sociaux, simplement il se faisait appeler ainsi par tout le monde. »
A travers ces quelques lignes, ses amis de la Taverne d’Ali Baba auront réussi à honorer sa mémoire.