Valserhône : Jean-Yves Guillet, un sculpteur sur bois qui rivalise d’inventivité

Jean-Yves Guillet et sa sculpture baptisée la  Terre-Mère .
Jean-Yves Guillet et sa sculpture baptisée la Terre-Mère .

Des formes rondes et polies, des essences de bois différents qui se côtoient, créant des nuances colorées sur une même forme ; les sculptures de Jean-Yves Guillet se prêtent à la caresse. D’ailleurs, certaines pièces qui seront exposées au château de Musinens ont vocation à être touchées.

Des débuts dans la plasturgie, à Oyonnax

Mais comment cet autodidacte en est-il arrivé à créer ce style si particulier, à trouver tant de déclinaisons autour du bois ? « Je viens de l’industrie, j’étais dans le moule avant, confie-t-il. Je suis issu d’une famille nombreuse où on ne faisait pas trop d’études. J’ai donc commencé ma carrière dans la plasturgie à Oyonnax. Et puis, au bout de quelques années, je me suis dit que je n’avais pas envie de passer ma vie à faire ça. J’avais envie de sculpter. Le bois, c’est plus facile à appréhender que la pierre ; il s’est imposé à moi et c’est comme ça que tout a commencé. »

On peut dire que Jean-Yves a su sortir du moule !

Partir de blocs bruts, issus de la nature

La sphère est d’ailleurs très présente dans ses créations. «  Je m’inspire de la nature, des plantes. Mon jardin est rond, avec des plantes qui poussent n’importe où. Je pars de blocs bruts et je regarde ce que leurs formes m’inspirent. Pour la sculpture Naissance, je me suis inspiré d’une boule de neige. Tout est taillé à partir d’un gros tronc. » On a l’impression qu’une boule a été posée sur un socle, mais en fait, il s’agit d’un bloc unique.

Tout à la main

Fait-il appel à des machines sophistiquées ? « Pas du tout ! Tout est travaillé à la main. Je n’aime pas les machines, elles font trop de bruit. C’est vrai que je ne compte pas le temps que je passe sur chaque pièce. Je ne travaille pas dans cet esprit. Il y a un gros travail de polissage et à la fin, mes pièces sont huilées. »

Jean-Yves crée aussi des bijoux en bois qui sont parfois combinés avec des parties en argent. Alors, plutôt sculpteur ou orfèvre ? « Les deux ! J’ai d’ailleurs un client lyonnais qui achète mes bijoux comme des sculptures. Il les collectionne et les expose accrochés au mur. Je fais aussi des alliages bois-métal en sculpture où j’utilise du cuivre pour construire certaines parties plus délicates, comme une feuille ou une fleur qui sortirait de la masse. » Alors, sculpture ou bijou, grâce à la variété de ses créations, il tient à rester abordable, afin que chaque personne, touchée par son art, puisse s’offrir une pièce unique.

L’exposition peinture et sculpture de Berthou Guillet

L’exposition est organisée par l’association Renaissance du château de Musinens.

Elle se tiendra vendredi 21, samedi 22 et dimanche 23 octobre, ainsi que le samedi 29 et dimanche 30 octobre.

Le vernissage aura lieu le vendredi 21 octobre à 18h.

Une inspiration puisée dans la nature

Naissance, une inspiration hivernale.
Naissance, une inspiration hivernale.

La dernière création de Jean-Yves représente un personnage. « C’est une grande pièce : une femme presque grandeur nature. Je l’ai baptisée «Terre-Mère», c’est une ode à l’écologie. La sculpture c’est long ! Je peux passer jusqu’à cinq mois de travail sur une pièce et j’ai du mal à travailler sur plusieurs projets simultanément. Pour les thématiques, je peux partir d’histoires, de sujets qui m’inspirent ça peut aussi être un mot, comme cette sculpture générée à partir du mot «construction». Je vais également exposer une pièce laissée brute, exprès. J’aime que l’on voit l’origine de la matière. »

Le thème de l’écologie est aussi très présent, comme avec la sculpture d’une boule qui représente la terre, ornée de bâtiments qui s’écartent pour laisser passer une plante en leur centre.

« Je reçois souvent des blocs de bois. Une fois, j’ai même retrouvé un tronc devant ma porte. Je me sers des formes brutes comme point de départ. Je peux aussi être inspiré par tout ce que nous offre la nature. Par exemple, j’ai certaines sculptures parsemées de trous qui forment comme une dentelle dans le bois. C’est parti de formes que j’avais vues sur des rochers dans les côtes d’Armor. Le sel les avait attaqués et avait formé de belles concrétions. On retrouve un peu ce phénomène autour de la Valserine. C’est une rivière très inspirante. »

D’ailleurs, Jean-Yves connaît bien le coin : il a déjà exposé à Bellegarde aux châteaux de Musinens et de Mussel. Plus qu’un public nombreux ou de spécialistes, il aime rencontrer des visiteurs intéressés et curieux.