Genève : les travaux ont débuté dans le premier secteur du nouveau quartier des Vernets

Les promoteurs et les représentants des autorités, Frédérique Perler pour la Ville, Serge dal Busco pour le Canton, sont venus rappeler ambitions et attentes autour du projet Quai Vernets.
Les promoteurs et les représentants des autorités, Frédérique Perler pour la Ville, Serge dal Busco pour le Canton, sont venus rappeler ambitions et attentes autour du projet Quai Vernets. - DRK

L’ancienne caserne des Vernets, bien connue des Genevois, est désormais réduite en poussière. En effet, le signal vient d’être donné pour la construction du nouveau quartier des Vernets. Avant le coup d’envoi, le 11 octobre dernier, il aura fallu des années de négociations et de remaniement du projet initial pour que la réalisation du premier secteur de ce nouveau quartier, le PAV (Praille Acacias Vernets), puisse voir le jour.

Un « urbanisme oppressant »

Selon le projet de « ville dans la ville », le nouveau quartier doit respecter une forte densité (indice 3), ce qui implique la construction des blocs d’immeubles imposants et même une tour de 86 mètres de haut. L’idée de vivre dans un tel environnement, très minéral, a donc entraîné des oppositions. En mai 2021, une consultation publique avait estimé le quartier trop dense, les immeubles trop hauts avec un manque de verdure. Marc Volkringer, directeur du projet Quai Vernets a déclaré : « Qu’il s’agisse du choix des matériaux, des entreprises, des techniques utilisées, nous aurons à cœur d’être exemplaires sur ce chantier qui s’ouvre pour une durée de cinq ans. » Les immeubles prévus feront six étages maximum, avec des gabarits diminués de 29 à 23 mètres. Certains ne dépasseraient pas quatre étages. Les grands immeubles, d’une hauteur de 28 à 30 mètres, subsisteront uniquement en bordure, le long de la route des Acacias et de la route des Jeunes.

La mixité sociale est au cœur du projet

Les deux tiers des logements seront d’utilité publique, et un tiers à loyer contrôlé (prix fixé par le Canton). Parmi les 27.000 m2 d’activités, des surfaces seront dédiées à l’économie sociale et solidaire. Le quartier se veut exemplaire aussi en termes de consommation énergétique. « Il sera chauffé et rafraîchi grâce à GéniLac, son approvisionnement se fera entièrement par des énergies renouvelables », a précisé Marc Volkringer. Un parking est prévu en sous-sol pour les voitures, le long de la route des Jeunes et du côté des Vernets. Certains immeubles anciens seront préservés pour accueillir des activités culturelles.

Quelle solution pour les frontaliers  ?

« Les frontaliers qui vont venir travailler dans ces beaux bureaux, où vont-ils stationner  ? », fait remarquer une opposante au projet. « Il est illusoire de croire que ce sont les mêmes personnes qui vont se loger et travailler dans le quartier. Il va y avoir des flux de travailleurs et ces derniers ne me semblent pas réfléchis par les architectes, urbanistes et autres ingénieurs ! », poursuit-elle.

En bref

Le quartier de Praille Acacias Vernets verra le jour au terme d’un chantier, dont le montant est estimé à 700 millions de francs suisses. Il mobilisera 300 entreprises pour 600 ouvriers. En 2027, il comptera près de 1 350 logements.

Le paysage urbain définitivement modifié sur le canton

Les anciens communaux d’Ambilly, rebaptisé quartier Belle-Terre - sur la commune de (Thônex) abritent 2 400 nouveaux logements. À Meyrin, le quartier Les Vergers, ont été érigés 30 bâtiments avec 1 350 logements ,pour 3 000 habitants. Le quartier Pont-Rouge autour de la gare idoine, comptera 640 logements. D’autres projets comme Les Tourbillons à Plan les Ouates avec cinq bâtiments de six étages sur 95.000 m2. À Bernex, on verra aussi de nouveaux immeubles autour de la ligne du tram 14. C’est dire qu’il existe maintenant suffisamment d’expériences pour créer des complexes urbanistiques plus intelligents.

Le paysage du canton a subi de profondes modifications, liées à l’urbanisation croissante, ces dernières années.

Construire mais avec quelle qualité de vie ?

Cédric Lambert, sociologue, chargé d’enseignement à l’Université de Genève déclare : « Si le logement est un lieu de ressourcement et d’intimité, il ne suffit pas au bien-être des habitants d’un écoquartier. Il faut aussi pouvoir offrir des formes d’appropriation diversifiées des espaces collectifs ou publics. C’est l’objet des espaces de nature, des plantations et des activités telles que les jardins potagers familiaux. Les espaces de jeux extérieurs sont nécessaires au bon développement de l’enfant, à l’exemple des parcs publics ou des jardins Robinson. Ces lieux sont favorables à l’éducation et à l’épanouissement des plus jeunes. »