Eux sont farouchement opposés à la fin de la gratuité de la portion autoroutière entre Saint-Julien et Annemasse. Pour Antoine Vielliard et Michel Charrat, il n’est pas question de la rendre payante. Aux yeux du premier, maire de Saint-Julien entre 2014 et 2020, ce serait « scandaleux, illégal et cela donnerait lieu à des mouvements de contestation. ATMB réalise des profits monumentaux et l’autoroute est déjà payée. Le jour où un dispositif sera installé, il sera aussitôt à terre. Les gens se révolteront à juste titre. »
Le second, président du GTE (Groupement transfrontalier européen), ne fait pas non plus dans la demi-mesure : « ATMB a toujours été un État dans l’État. Les péages d’autoroute ont déjà suffisamment augmenté au fil du temps. Je rappelle que la courte portion entre Findrol et Annemasse est la plus chère de France. Il faut stopper la gourmandise des autoroutiers. »
« Il faut arrêter les bêtises »
Michel Charrat y voit même un danger pour la « cohésion sociale » dans le département : « Le GTE est solidaire avec tous les habitants du territoire, qui ne comptent pas que des frontaliers. Et puis, ce serait une entrave à la mobilité et à la fluidité du trafic. Sortir d’Annemasse le soir est déjà un enfer, il faut arrêter les bêtises. »
Antoine Vielliard est sur la même longueur d’onde : « Le réseau alternatif ne permet pas d’accueillir un fort report de circulation. Cela ferait également perdre des recettes de TVA à l’État car l’activité des entreprises et les déplacements des consommateurs seraient pénalisés. » Difficile de trouver une mesure plus impopulaire à l’échelle locale.
C’est l’un des arguments majeurs des opposants à la fin de la gratuité du tronçon autoroutier entre Saint-Julien et Annemasse : le rendre payant encombrerait encore plus le réseau routier secondaire et les petites douanes. Or, ce ne serait pas flagrant d’après le Département des infrastructures genevois. Roland Godel, son porte-parole, argumente : « Notre Office cantonal des transports a procédé à une simulation de trafic sur la base de l’hypothèse, transmise par ATMB, d’une tarification à 1,50 euro, dans le but de mesurer les effets sur le réseau routier cantonal et communal d’une mise à péage de l’autoroute A40 entre Bardonnex et Étrembières. Il ressort de cette simulation que les impacts devraient être peu significatifs sur le territoire genevois, ainsi qu’au niveau de la frontière. Il devrait y avoir peu de diffusion du trafic sur le réseau routier secondaire. En heure de pointe, la légère baisse de trafic observée dans le sens France-Suisse à Bardonnex ne serait pas compensée par des hausses significatives sur les douanes du même secteur.
En effet, selon cette simulation, d’éventuels reports de trafic sur les petites douanes du sud du canton, pour éviter la section à péage, seraient compensés par l’abandon de certains trajets par les automobilistes ou par des reports sur les transports publics. »