Le plus jeune dirigeant russe
Mardi 30 août 2022, Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’URSS, s’est éteint à Moscou, à l’âge de 91 ans des suites d’une longue maladie.
Natif en 1931 d’un village dans le Caucase du Nord, de simple fils de paysan, après des études de droit, il intègre les jeunesses communistes et ensuite le Parti communiste en 1950 où il grimpe rapidement les échelons comme apparatchik. En 1962, il devient le dirigeant du parti pour la ville de Stavropol. Remarqué par Iouri Andropov, il est élu au comité central du PC à 40 ans et au politburo à 49 ans.
À 54 ans, le 11 mars 1985, il est porté au pouvoir, devenant secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique, dans un contexte économique et géopolitique de l’URSS déjà très dégradé. Il se démarque sur le plan international avec des positions d’ouverture et une volonté de désarmement nucléaire du pays.
Aux commandes des premières transformations qui ont entraîné la chute de l’URSS
Il sera alors l’instigateur et l’artisan de la Glasnost (transparence) et de la perestroïka (changement d’orientation, restructuration) cherchant à réformer le système soviétique et à réduire le pouvoir des anciens caciques (despotes) du parti.
« Des millions de Soviétiques découvrent alors des libertés inédites, mais aussi les pénuries, le chaos économique et les révoltes nationalistes qui sonneront le glas de l’URSS, ce que nombre de ses compatriotes ne pardonneront jamais à cet homme au front marqué d’une tache de vin », indiquent nos confrères de La Voix du Nord.
Très apprécié sur le plan international, comme celui qui a œuvré à la fin de la guerre froide et considéré comme un homme de paix et de dialogue (il recevra le prix Nobel de la paix en 1990), il sera très controversé dans son pays et il laissera beaucoup d’amertume dans le cœur des Russes. La Voix du Nord cite l’historienne Irina Karatsouba : « Homme politique spontané qui n’a jamais réfléchi aux conséquences, Gorbatchev a voulu tout changer sans rien changer sur le fond. Le socialisme à visage humain a fait long feu quand les prix du pétrole ont dégringolé, et la Guerre froide a été perdue. On s’interrogera encore longtemps sur l’énigme Gorbatchev : sur ce qui dépendait et ne dépendait pas de lui ».
Tous les dirigeants actuels lui rendent hommage
Emmanuel Macron a salué « un homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes » et dit que l’homme a eu « un engagement pour la paix en Europe (qui) a changé notre histoire commune ».
Boris Johnson a rendu hommage à « un homme d’État unique qui a changé le cours de l’Histoire ».
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a dit que l’homme avait « fait plus que n’importe qui pour provoquer de façon pacifique la fin de la Guerre froide. Le monde a perdu un immense dirigeant mondial, engagé envers le multilatéralisme, et défenseur infatigable de la paix ».
Vladimir Poutine a exprimé ses « profondes condoléances »
Le président américain, Jo Biden l’a qualifié de « leader rare », rendant hommage aux actes d’un dirigeant ayant assez d’« imagination pour voir qu’un autre avenir était possible et le courage de risquer toute sa carrière pour y parvenir. Le résultat fut un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes. En tant que dirigeant de l’URSS, il a travaillé avec le président Reagan pour réduire les arsenaux nucléaires de nos deux pays (…). Après des décennies de répression politique brutale, il a adopté des réformes démocratiques ».