Menthon-Saint-Bernard : le château de Menthon, un roc entre passé et présent

Perché sur son rocher, à 200 mètres au-dessus du lac d’Annecy, le château de Menthon-Saint-Bernard vaut son surnom de « diamant brut de Haute-Savoie ».

Entre les mains de la famille de Menthon depuis 23 générations, Maurice et Pierre-Henri s’attellent à développer un véritable domaine où la préservation d’un patrimoine historique s’allie à celle de l’environnement. Avec à la clé, un vignoble de cinq hectares planté, et un potager en permaculture installé (lire par ailleurs).

Et ce pari, entamé en 2016, semble marcher. Connue dans la région pour sa richesse historique, cette demeure médiévale datant du X ème a attiré plus de 50 000 visiteurs en 2021.

Mais c’est sous l’impulsion de René de Menthon, arrière-grand-père des actuels propriétaires, que le château amorce sa grande métamorphose, lui donnant la silhouette que l’on lui connaît aujourd’hui.

D’abord le confort

C’est donc grâce à la volonté d’un seul homme que le bâtiment et ses abords vont être modernisés. René de Menthon va entreprendre un chantier qui va durer 40 ans, à partir de 1885. « Il va vouloir en faire un lieu de rêve moyenâgeux en inscrivant le château dans une architecture néogothique. Il y rajoute gargouilles, tourelles, et clochetons et construit également les dépendances », raconte Dorian Anthoine, responsable conservation et valorisation du site. Mais aussi, et surtout, y apporte « tout le confort nécessaire, et le remet au goût du jour. Il installe le chauffage central ainsi que l’eau courante, et revoit toute l’organisation des pièces du château ».

En réalisant ces travaux, René de Menthon a une idée en tête : « Ouvrir le château au public, pour rendre à la fois hommage à ses prédécesseurs, le transmettre aux générations futures, et asseoir une certaine notoriété  », retrace-t-il.

Petit à petit, le monument orienté autour de Saint Bernard (Saint protecteur des habitants et voyageurs des Alpes) rencontre la visite d’un autre public. « Ce n’est plus un lieu uniquement de visite cultuelle, il devient un lieu culturel ».

Puis les abords

« Contrairement aux idées véhiculées, il n’y avait pas rien avant René de Menthon. Le vignoble et le jardin existaient déjà, il va plutôt vouloir donner une cohérence à ces espaces  », explique Dorian Anthoine.

Le comte va vouloir aménager un jardin à l’italienne, « avec des allées de buis, une partie maraîchère et médicinale, et il construit également la serre  », complète le responsable. S’agissant du vignoble, bien que touché par une épidémie de phylloxera en 1880, René de Menthon fait le choix de replanter de la vigne. « Il réorganise la dépendance en contrebas pour en faire un local dédié aux vignerons  ».

Un passionné de botanique

Celui qui sera le dernier de la lignée à être rentier est aussi un artiste. « Il était passionné de botanique et a laissé beaucoup de dessins, notamment une série de pastels qu’il réalise quand il se promène autour du château  », révèle-t-il.

En parallèle, il constitue au fil des années un herbier, des plantes provenant essentiellement de ses balades dans les Alpes. « Aujourd’hui, il nous lègue plus de 1 200 planches, c’est le travail de toute une vie  ».

En somme, un homme « certainement mélancolique, ancré dans le XIX ème siècle  », qui fait écho à cette volonté de figer les choses dans le temps.

Le château de Menthon en chiffres :

Xème siècle, date du début de la construction

23 générations se sont succédé

400 hectares

1ère vendange en 2020

50 000 visiteurs en 2021

Inscription aux monuments historiques

Le château de Menthon fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1989.

En mai 2020, le site a bénéficié d’une extension de protection : l’orangerie, les façades et toitures de la maison de gardiens, des commodités, et de la maison du vigneron, ainsi que la totalité des parcelles attenantes au domaine, ont été inscrites au titre des monuments historiques.

L’extérieur du château se transforme

Le domaine de Menthon. C’est comme cela que Maurice et Pierre-Henri de Menthon, les propriétaires actuels, souhaitent désormais l’appeler, « afin que les visiteurs puissent profiter de l’entièreté du site », pour se balader dans les jardins ou dans les vignes, mais aussi pour se restaurer sur place.

Maurice et Pierre-Henri de Menthon, les propriétaires actuels.

L’orangerie

En parallèle, les propriétaires ont réaménagé l’orangerie qui servait, jusqu’en 2017, à la fois de poulailler, maison des pans et d’entrepôt de tuiles. « Récemment, c e bâtiment a fait l’objet de gros travaux de remise en état », développe Dorian Anthoine. Il est désormais dédié à la culture. « En 2021, nous avons accueilli une expo d’art contemporain dans le cadre d’une biennale ». Mais il peut également recevoir des concerts intimistes ou des cocktails de réception.

Un gîte

Depuis 2022, le domaine s’est doté d’un gîte situé au-dessus de la salle des mariages. « Il y avait une forte demande de logement lors de célébration de mariage. C’est chose faite, nous disposons de 5 chambres disponibles toute l’année en location », dévoile Pierre-Henri de Menthon.

Une volière

L’espace occupé actuellement par les pans n’est pas forcément valorisé. «  Le but serait de créer une nouvelle volière dans l’esprit 1900 », poursuit Dorian Anthoine, plutôt à droite de l’entrée du château.