Il était arrivé devant, d’une courte tête, au premier tour. Cette fois, Antoine Armand (Ensemble ! Majorité présidentielle), a plié le match. Presque 20 points le séparent de sa concurrente communiste, Loris Fontana (Nouvelle union populaire écologique et sociale) avec 59,88 % contre 40,12 %.
Il faut dire que le référent départemental de La République en Marche (LREM) avait fait le plus dur au soir du 12 juin. Dans une circonscription classée de longue date à droite et au centre droit, le trentenaire était parvenu à se défaire d’un redoutable adversaire, le revenant Lionel Tardy (divers droite), qui avait été battu par Frédérique Lardet en 2017. Mais cette fois l’ancien député – qui avait boudé l’investiture des Républicains tout en se disant prêt à travailler pour «une majorité présidentielle» – n’a pas franchi le cap du premier tour.
« Je serai le député du quotidien »
De quoi offrir une importante réserve de voix (19,12 %) à Antoine Armand, qui pouvait aussi espérer le report des électeurs de l’UDI Catherine Pacoret (5,20 %).
Une fois son élection acquise, dans les salons de la préfecture de Haute-Savoie à Annecy, où les résultats sont tombés dans la soirée du dimanche 19 juin, Antoine Armand a fait part de son « émotion » et souhaité adresser « un message de remerciement extrêmement sincère aux électeurs et électrices ».
Ce fonctionnaire du ministère de l’économie et des finances décroche ici son premier mandat. Il a évoqué son « immense sentiment de responsabilité » vis-à-vis de ceux qui ont, ou non, voté pour lui. « Ce soir, je deviens le député de la 2e circonscription de Haute-Savoie, de tous ces habitants », a-t-il lancé, tout en promettant qu’il serait « le député du quotidien, celui à qui vous pourrez faire confiance et qui restera humble ».
Le néo-député veut durant son mandat continuer à « aller à leur rencontre, à écouter leurs préoccupations, sans préjugé, dans l’intérêt de notre territoire ».
Un score « historique » pour la gauche
Dans le camp d’en face, la déception pointe, car « on y a cru jusqu’au bout », confie Loris Fontana. Mais la représentante de la Nupes préfère néanmoins voir le verre à moitié plein. « On est très satisfaits de ces 40 % de votants en notre faveur, car c’est quand même historique pour un département comme la Haute-Savoie, qui est historiquement à droite. Une telle percée de la gauche c’est super ! »
Un résultat qui est de bon augure, selon elle. « La dynamique est lancée, il va falloir poursuivre, peut-être jusqu’aux prochaines élections où nous serons tous victorieux ! » En attendant, Antoine Armand est parvenu à conserver le siège que LREM avait conquis il y a cinq ans.
Antoine Armand (Ensemble ! Majorité présidentielle) : 59,88 %.
Loris Fontana (Nouvelle union populaire écologique et sociale) : 40,12 %.
Taux d’abstention : 53,69 %.
Son analyse du second tour, ses priorités à l’hémicycle, Antoine Armand nous accorde sa première interview de député de la Haute-Savoie.
« Je porte un projet sérieux qui avait vocation à donner une majorité, qui s’avère relative, au Président. Je veux avancer concrètement sur la transition écologique et le pouvoir d’achat, un sujet qu’on traitera dès juillet. Et je suis resté toujours plus humble, surtout à l’égard de ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec moi. On peut faire de la politique en dialoguant et en retrouvant un apaisement de la société.
J’ai envie de dire en deux mots : au boulot ! J’attends de cette mandature ce que j’attendrais de mon député en tant que citoyen : de l’écoute et beaucoup de concret. Les gens nous disent : «On travaille à Annecy et on ne peut pas se loger, qu’est-ce que vous allez faire pour nous ?» Ce travail commence dès lundi matin.
Est-ce que ça doit passer par une coalition politique ? Bien sûr ! Mais la priorité, c’est de faire avancer le pays et la Haute-Savoie.
Sur le développement durable et l’aménagement du territoire, le logement, l’agriculture et le transport. Ce sont des sujets déterminants pour notre territoire et je serai député à 100 %. Je veux que nous avancions sur l’habitat permanent sur le bassin annécien, la vallée de Thônes et des Aravis, c’est un sujet essentiel. Si on ne permet pas aux gens qui travaillent de se loger, on risque de perdre l’âme et de faire d’Annecy une ville musée.
Je veux aussi faire comprendre à Paris que, même si en apparence tout va bien en Haute-Savoie de leur vision, il y a des inégalités. Cela passe par des sujets comme la simplification administrative pour les agriculteurs, mais aussi des dossiers comme le loup ou la brucellose. Je veux être du côté de ceux qui font vivre le territoire. »