Matthieu Prévost est directeur de l’établissement public de formation agricole de Contamine-sur-Arve. Il constate un tournant dans les profils de jeunes souhaitant s’installer en tant qu’agriculteur. « Ça a bien évolué depuis 10 ans. On a de plus en plus de jeunes hors cadre familial, c’est-à-dire que leurs parents ne sont pas forcément agriculteurs. Ils viennent à ces métiers par intérêt, par passion, mais pas par héritage. Les promos sont désormais plus mixtes, on a autant de filles que de garçons. Ils ont aussi une préoccupation forte sur la question environnementale, sociale et sur les conditions de travail. Ils vivent dans un monde plus ouvert que celui qu’on connaissait avant. Ils aspirent à moins de pénibilité, à davantage de sécurité, ils veulent une vie de famille, des congés et mettent ces aspirations dans la construction de leur projet. Ce sont des passionnés, ils aiment le vivant, les activités de la ferme, mais mettent leur intelligence au profit d’un projet durable, soutenable d’un point de vue personnel et en intégrant les questions de l’agroécologie. Ces questions font partie intégrante de leur formation, qui est en constante évolution. Maintenant c’est très exigeant en termes de compétences techniques et scientifiques. On est très loin de certaines caricatures qu’on peut imaginer sur les métiers agricoles ».