Une mer et quelques centaines de kilomètres de terre ferme séparent la Corse de la frontière franco-suisse, mais quelques similitudes ont frappé Lea Ferrandi, passée de l’île de beauté à Valleiry l’an dernier. « La Savoie et la Corse sont deux territoires avec une identité forte, une culture, une histoire et une langue, cite la jeune femme de 25 ans. Cependant, en Savoie, la culture est reléguée au rang de folklore et aucun cours d’histoire n’est dispensé à l’école. »
En s’installant à Valleiry, où elle a rejoint son compagnon, Lea Ferrandi a rapidement grossi les rangs du Mouvement région Savoie (MRS), qui prône non pas l’indépendance, mais l’autonomie et le regroupement des actuels départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, sur le modèle des cantons suisses.
Issue d’une famille régionaliste en Corse, « les questions de l’identité et de la valorisation des régions » ont toujours compté aux yeux de la titulaire d’un Master en affaires européennes à l’IEP (Institut d’études politiques) d’Aix-en-Provence.
Pour défendre l’identité savoyarde de ce territoire qu’elle apprend à connaître, Lea Ferrandi a décidé de se présenter aux législatives, pour ce qui sera sa première expérience à des élections. Elle portera les couleurs du mouvement Sabaudia, qui réunit le MRS, Régions et peuples solidaires, ainsi que 100 % Savoie, à l’occasion de ce suffrage.
Ce qu’elle propose sur le logement et la mobilité
À la frontière franco-suisse, Lea Ferrandi découvre un bassin de vie transfrontalier plus tourné vers Genève que vers la Savoie telle qu’on l’imagine, celle de montagnards parlant en patois. « On vit rarement en oubliant que la si attractive Suisse est à côté, s’est aperçue la chargée de projets européens en Haute-Savoie. Cependant, cette proximité est à l’origine de désagréments, avec notamment des prix de l’immobilier très élevés. » Pour y faire face, elle propose « un statut de résident pour ceux qui vivent à l’année et des taxes plus fortes sur les résidences secondaires. Les droits de succession doivent être minimes ou inexistants, afin que les familles savoyardes puissent transmettre leur bien à leur descendance. »
Autre sujet majeur sur le territoire : la mobilité. Lea Ferrandi exhorte à aller plus loin et plus vite dans le changement des modes de déplacement. « Le tram de Saint-Julien arrive après des années de pourparlers, regrette-t-elle. L’heure est à l’urgence climatique. Il faut faire en sorte que la voiture ne soit plus une obligation, avec une offre en transports en commun forte et inclusive, c’est-à-dire en prenant en compte les territoires ruraux. »
La régionaliste plaide également pour la poursuite du télétravail des frontaliers et regrette que « la question se soit posée seulement à l’occasion d’une pandémie. »
Le suppléant de Lea Ferrandi pour ces élections législatives est bien connu dans les pays de Savoie. Laurent Blondaz est le président du Mouvement région Savoie (MRS). Cet enseignant à Genève et résident de Servoz vient de publier un ouvrage intitulé « Savoie : des questions qui dérangent ».
« C’est Laurent qui m’a contacté afin que je m’implique pour ces législatives, explique Lea Ferrandi. Le fait que je sois jeune, régionaliste, prête à m’engager et avec des connaissances politiques lui a plu. »
