Le conseil municipal de Grenoble a voté l’autorisation du port du burkini dans les piscines

Lundi 16 mai 2022, la décision a été prise en conseil municipal de Grenoble: le port du burkini est autorisé dans les piscines publiques.
Lundi 16 mai 2022, la décision a été prise en conseil municipal de Grenoble: le port du burkini est autorisé dans les piscines publiques. - Capture d’écran site de la ville de Grenoble

L’affaire ne date pas d’hier

Déjà en 2019, par le biais de l’association « Alliance citoyenne », des actions avaient été organisées en faveur du port autorisé du burkini dans les piscines grenobloises. En 2021, l’affaire était déjà remontée jusqu’au gouvernement, avec un courrier d’Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, au premier ministre Jean Castex, lui demandant de prendre position sur les tenues autorisées ou non à la piscine. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait alors répliqué que l’association cherchait à faire « pression sur les pouvoirs publics pour promouvoir des règles compatibles avec la charia ».

Elle revient avant l’été 2022

Cette année, juste avant l’été, à Grenoble, le débat est revenu, avec la proposition d’Eric Piolle (qu’il avait aussi signifiée le 29 avril 2022 par courrier au gouvernement) d’autoriser dans les piscines publiques de la ville le port du burkini. Complétant cette proposition de l’autorisation du port du monokini, des seins nus donc. Le maire plaidant pour que « les femmes puissent se baigner seins nus comme les hommes, que l’on puisse porter des maillots couvrant pour se protéger du soleil, qu’on puisse exprimer à la piscine comme dans la rue ses convictions politico-religieuses ». Se référant à la loi de 1905 sur la laïcité et l’égalité d’accès aux services publics. Exprimant aussi ce changement comme un progrès social.

Le 11 mai, la même association Alliance citoyenne émettait une tribune de soutien (dans la section des blogs de Mediapart) « En mai, mets ce qu’il te plaît ! » et signée par 113 personnalités « dont la militante féministe Caroline De Haas, l’historienne Mathilde Larrère, ou l’élue écologiste au Conseil de Paris, Alice Coffin », indique France Info.

L’opposition monte au créneau

Les opposants au maire, de droite comme de gauche, ne se sont pas privés, à coup de tribunes, sur les réseaux sociaux ou dans la presse, de désapprouver la proposition. Certains parlent de « version aquatique du voile islamique ». Laurent Wauquier, le président de la région Auvergne Rhône-Alpes parlant, lui, de « soumission à l’islamisme » et menaçant alors de ne plus verser de subventions à la ville de Grenoble si la décision était prise. D’autres accusant le maire de stratégie électoraliste.

Le préfet de l’Isère a, quant à lui, menacé de saisir le tribunal administratif, si la proposition était retenue. « Par le biais d’un référé laïcité en vue d’obtenir la suspension [de la délibération], en complément du référé d’annulation ». Le haut fonctionnaire estimant que « l’objectif manifeste est de céder à des revendications communautaristes à visées religieuses [ce qui] paraît contrevenir au principe de laïcité posé par la loi de 1905 ainsi qu’aux dispositions de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. »

Lundi 16 mai, la modification du règlement des piscines est adoptée

Après plusieurs heures de débat houleux, 29 voix pour et 27 contre la délibération se sont prononcées sur les 58 conseillers présents lors de la séance du conseil municipal de Grenoble, lundi 16 mai 2022. « La délibération portait sur plusieurs modifications du règlement intérieur des piscines municipales, comme l’accompagnement obligatoire des mineurs à partir de 12 ans, l’obligation des bonnets de bain ou le délai d’expulsion porté à un mois en cas de mauvais comportement. C’est l’article 10, portant sur les tenues de bain, qui a retenu toute l’attention. Le texte interdit les shorts et les tee-shirts flottants et impose des « tissus spécifiques à la baignade, ajustés près du corps », pouvant couvrir les bras et les jambes. Sans le nommer, le nouveau règlement autorise de facto le burkini » explique le journal Le Monde.

La réaction de Laurent Wauquier

Par un communiqué, envoyé à la presse, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a immédiatement réagi à la décision grenobloise. « Notre pays s’est notamment construit sur les principes de laïcité et d’égalité entre les hommes et les femmes. Des principes forts qui transcendent les clivages politiques. Cette délibération votée aujourd’hui par le maire de Grenoble, Eric Piolle, marque une inquiétante dérive et un vrai retour en arrière. »

« … cette décision n’est pas anodine. Elle est le signe d’un pacte avec l’islam politique. Nous ne serons pas complices de cette manœuvre de soumission. »

Concluant, comme il l’avait annoncé : « Dans l’objectif d’éviter ce type de dérive, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a adopté lors de son assemblée plénière des 17 et 19 mars derniers une « Charte pour la défense des valeurs de la France et de la laïcité » qui permet notamment de suspendre les aides de la Région à des structures qui ne respecteraient nos valeurs républicaines. C’est la raison pour laquelle, dès aujourd’hui, nous cessons toute collaboration avec le maire de Grenoble, averti à plusieurs reprises des conséquences de son obstination ».

Les villes qui autorisent déjà

Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) : en 2016, après annulation par le Conseil d’État d’un arrêté municipal interdisant le port du burkini.

Rennes, en 2018 et Surgères, en 2019 ont autorisé le burkini dans les piscines de leurs villes.