La flotte de la Compagnie des bateaux d’Aix-les-Bains passe à l’électrique

D écarboner sa flotte est la principale préoccupation de Philippe Gausset, PDG de la holding Tourisme Participations qui possède les trois compagnies de bateaux du lac d’Annecy, Aix-les-Bains et Aiguebelette. « C’est une action de responsabilité vis-à-vis des générations futures, enchaîne-t-il. Pendant le confinement, j’ai eu le temps de réfléchir et de faire des prévisions plus précises pour voir ce que je pouvais dégager en termes de réduction de charges et de chiffre d’affaires ».

Les calculs devaient être concluants puisque l’entrepreneur démarre cette année la mue de sa flotte. Avec un objectif ambitieux : « passer de 2 500 tonnes de rejet de Co2, à 50 tonnes », précise le chef d’entreprise.

Malgré les effets de la crise – la Compagnie a enregistré une baisse de 65 % de son chiffre d’affaires sur Aix et 80 % sur Annecy – Philippe Gausset mise sur un retour à une activité normale en 2023-2024. Et pour cela, il s’y prépare activement. « En 2024, nous devrions être la seule compagnie des bateaux européenne à être totalement électrique ».

Une flotte entièrement convertie

« Nous allons remotoriser tous les bateaux de la compagnie d’Annecy, sauf l’Amiral qui est déjà hybride, et tous les bateaux d’Aix-les-Bains, donc en tout 10 bateaux. L’ensemble sera finalisé pour le mois d’avril 2024 », annonce le PDG de Tourisme Participations.

Et ce gros chantier commence par les bateaux de la compagnie d’Aix-les-Bains. « L’Hydra Aix, bateau restaurant, sera converti et opérationnel pour le mois d’avril 2022, nous avons déjà enlevé le moteur et nous avons reçu les batteries. Et l’année prochaine, en 2023, ce sera au tour de l’Hélios et d’Aix’Space (2ème bateau restaurant) », détaille Philippe Gausset. S’en suivront Le Savière, spécialisé dans les croisières bateau-vélos et le yacht Alain Prud’Homme en avril 2024.

« Tous les travaux préparatoires se font par le personnel sur Aix-les-Bains, tient à préciser l’entrepreneur. Enlever les moteurs – ce qui n’est pas une mince affaire – recalibrer les cales afin de pouvoir accueillir le moteur, le dispositif de ventilation et la batterie anti-incendie dans un local dédié… Tout cela nécessite le réaménagement de l’intérieur des bateaux ».

L’intégralité des bateaux des deux compagnies – Aix-les-Bains et Annecy – sera équipée d’un petit groupe électrogène, « pour que l’on puisse ramener le bateau à quai s’il y a un problème », détaille le PDG. Chaque embarcation disposera d’un chargeur de batterie et pourra se connecter directement sur le réseau EDF, afin d’effectuer sa recharge la nuit. « Pour ne pas les mettre en charge en même temps, nous disposons d’un système automatique : une fois qu’un bateau est chargé, on passe au suivant ».

Un investissement de 7 millions d’euros

Pour convertir l’entièreté de sa flotte, Philippe Gausset va investir 7 millions d’euros, dont les deux tiers sur la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy. Le financement se fera grâce « à la dette (emprunt bancaire) et à des fonds propres qui représentent un tiers de l’investissement pour l’instant », détaille le PDG.

« Je ne désespère pas d’obtenir un tiers de subventions, soit près de deux millions d’euros. Le président de la région Aura Laurent Wauquiez m’a promis un million d’euros. Peut-être aussi l’agglomération du Grand Annecy via son fond air entreprise, et également Grand Lac », conclut-il.

La holding Tourisme Participations, c’est :

- 3 compagnies de bateaux

- Une flotte de 12 embarcations

- 45 équivalents temps pleins (une trentaine à Annecy et une quinzaine à Aix-les-Bains), et 70 pendant la pleine saison d’été

- 7 millions d’euros de chiffre d’affaires (hors Covid)

- Sur année normale, la Compagnie de bateaux d’Annecy transporte environ 200 000 personnes, et 90 000 à Aix-les-Bains.

«J’ai fait de ma passion, mon métier»

Alexia Bontron

Pascal Rochaix, responsable technique au sein de la Compagnie des bateaux d’Aix depuis 40 ans.

Quel est votre parcours au sein de la Compagnie des bateaux d’Aix-les-Bains ?

J’ai commencé comme moniteur de planches à voile en 1979, lorsque j’avais 18 ans, c’était mon premier emploi. À l’époque, la Compagnie appartenait à la famille Prud’Homme. L’année suivante, j’étais employé dans un chantier d’agencement de bateau. Je faisais de la maintenance de bateau, de la réparation de coque, mais aussi de la menuiserie et de l’agencement intérieur. De fil en aiguille, avec l’augmentation du nombre de bateau, je suis passé à plein-temps sur des travaux de maintenance.

Aujourd’hui, vous supervisez le bon déroulement du passage au tout électrique de la flotte.

Avec mon passé technique, j’ai naturellement repris la supervision du chantier des bateaux d’Aix et d’Annecy. C’est un joli projet, d’un point de vue technique, c’est un vrai défi parce que ce n’est pas facile d’adapter un bateau déjà existant en électrique. Il y a un gros travail de remise en conformité.

La navigation a donc toujours fait partie de votre vie ?

Depuis mes sept ans, j’ai grandi dans le Club nautique de voile d’Aix. J’ai toujours fait du bateau, j’ai même été champion de ligue et j’ai habité 20 ans sur mon propre bateau, sur le lac du Bourget. J’ai toujours baigné dedans. C’est une passion, et j’ai fait de ma passion, mon métier.