Plateau des Glières: la visite controversée d’Éric Zemmour provoque la colère des élus

Le candidat à l’élection présidentielle Eric Zemmour a déposé une gerbe près du monument du Plateau des Glières.
Le candidat à l’élection présidentielle Eric Zemmour a déposé une gerbe près du monument du Plateau des Glières. - Capture d’écran

C’est une visite qui n’a pas été du goût des défenseurs du Plateau des Glières, d’autant qu’elle s’est faite en toute discrétion.

Samedi 26 février, Éric Zemmour s’est rendu sur cet Haut-Lieu de la Résistance haut-savoyarde et y a déposé une gerbe à quelques mètres du monument. Un geste qui n’a vraiment pas plu à Christian Anselme, le maire de Fillière.

« Une fois de plus, la mémoire des Résistants des Glières est instrumentalisée à des fins politiques. Depuis plusieurs années, au nom de causes diverses, les rassemblements au pied du monument des Glières se sont multipliés avec comme seul objectif de capter cet héritage historique et de l’utiliser pour des objectifs purement électoraux », s’agace-t-il.

Avant de poursuivre : « Une fois de trop : la venue d’un homme qui, à maintes reprises, a fait l’éloge du maréchal Pétain et tente de réécrire l’histoire en minimisant les responsabilités de ce régime dans l’accomplissement du génocide des juifs, est une véritable insulte pour la mémoire des hommes qui se sont rassemblés durant l’hiver 1944 sur le plateau, pour celle des hommes de nos vallées morts en déportation, pour leurs descendants, pour celles et ceux qui se battent pour que cette mémoire ne soit pas oubliée, je pense notamment à l’Association des Glières ».

L’élu est ensuite revenu sur un événement qui a marqué Thorens-Glières : « Dans ma commune, c’est la milice, cette force paramilitaire mise en place par le régime de Vichy et donc par Pétain, qui a fait régner la terreur, qui a exécuté des Résistants, qui a déporté de jeunes hommes parce qu’ils avaient aidé les maquisards, qui a torturé ».

« L’histoire des résistants des Glières fait partie de la mémoire républicaine nationale et personne ne peut se l’approprier. Surtout pas Éric Zemmour… Le Plateau des Glières est un lieu de recueillement et de mémoire. Il doit le rester », conclut Christian Anselme.

« Ce lieu symbolique ne peut en aucun cas être l’objet de quelque revendication politique »

Même « stupéfaction » du côté de l’association des Glières, présidée par Gérard Métral : « ce lieu symbolique ne peut en aucun cas être l’objet de quelque revendication politique que ce soit et les morts des Glières, morts pour la France – Français, Espagnols, Allemand, Autrichiens ou Polonais – sont morts pour que les valeurs républicaines de notre pays revivent sur l’ensemble de notre sol dans un souci d’unité et de solidarité, ce qui est le contraire des idées portées par ce candidat. Le terme « Résistance » ne peut être galvaudé et le monument commémoratif de ces événements est là pour témoigner que des « hommes ont su mourir pour demeurer des Hommes » dans la dignité et l’honneur. Dans le respect de leur souvenir et de leur engagement, l’Association des Glières ne peut accepter que ce candidat prenne en otage l’épopée du maquis des Glières et réécrive l’histoire en défendant le régime de Vichy qui traqua, emprisonna, tortura et assassina les maquisards de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité dont nous portons, à travers l’Esprit des Glières, l’héritage républicain ».

« Ses mises en scène provocantes en deviennent abjectes »

La Fédération Socialiste de Haute-Savoie dénonce, de son côté, « cette opération proprement honteuse » du « candidat d’extrême-droite ».

« En venant déposer une gerbe sur le plateau des Glières dans la foulée de sa visite en Savoie et Haute-Savoie, le candidat d’extrême droite Éric Zemmour continue ses mises en scènes provocantes qui en deviennent abjectes. Destiné à s’offrir une image à bon compte et ainsi alimenter « son » récit sur les réseaux sociaux, ce type de manipulation bafoue une mémoire collective qui doit être respectée et qui n’appartient à personne. Le candidat d’extrême droite Éric Zemmour s’assoit, comme il l’a déjà fait en parlant de Pétain et du Régime de Vichy, sur les idéaux de la Résistance dont il reste aux antipodes », réagit-elle.