Ah là, c’est autre chose qu’une pièce de 2 euros à l’effigie du général de Gaulle mise en vente à 250 euros à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’appel du 18 juin et frappée à 500 exemplaires en 2010. Mais comparaison n’est pas raison, loin de là, puisque la pièce dont il est ici question, date de 1886 et la société suisse des numismates professionnels, Numismatica Genevensis, la considère comme « la monnaie la plus importante de la Confédération helvétique et probablement l’écu de 5 francs le plus rare de l’Union monétaire latine ». Rien que ça !
Mise à prix à 200 00 francs mi-novembre 2021, lors d’une vente aux enchères organisée par Numismatica Genevensis, à Genève, la pièce a vu sa valeur fiduciaire exploser en 134 ans puisqu’elle a au final été vendue 280 000 francs suisses. Elle est rare pour plusieurs raisons. Déjà parce qu’à l’époque, l’Union monétaire latine avait pris la décision de ne plus frapper de pièces en métal précieux, mais avait alors accordé une exception à la Suisse pour cette thune en argent. Son montant exceptionnel s’explique aussi par une raison cocasse alors que sa valeur est d’ordinaire plus celle d’une pièce en or : ce qui fait son extraordinaire rareté, c’est qu’elle n’a été frappée que cinq fois et non pas volontairement, mais en raison de la casse inopinée de son moule (coin en VO). Ou quand la numismatique suisse revisite l’effet papillon…
Sur les cinq pièces effectivement frappées, trois appartiennent à des musées suisses. Celle dont nous parlons aujourd’hui, est dorénavant la propriété d’un heureux (et riche) collectionneur suisse.
Lors de cette vente, si les autres enchères n’ont pas atteint les sommets de cette pièce au moule cassé, une a tout de même été vendue plus de 30 000 francs. Plus ancienne puisque frappée en 1819, elle est le témoin d’une époque où l’aigle n’était pas qu’un rapace. « Sur cette pièce, on a un peu le cri du cœur de quelqu’un qui voulait dire que la période napoléonienne était derrière. C’est une pièce qui a été frappée sur une ancienne pièce de cinq francs française à l’effigie de Napoléon », expliquait ainsi à la RTS, Frank Baldacci, directeur de Numismatica Genevensis, au moment de la vente. Décidément les pièces de 5 francs ont de sacrées histoires de part et d’autre de la frontière.