S’il y a bien une commune sur laquelle seront braqués les feux des projecteurs dans les semaines à venir, c’est bien celle de Doussard. Un conflit, entre les pro-Michèle Lutz et les pro-Michel Coutin, gangrène la municipalité depuis plus de deux ans. Le dernier mot pourrait venir des urnes, en mars 2020, entre la maire et son adjoint.
Se représentent-ils ?
« Je repars », confirme Michèle Lutz. Selon nos informations, la maire de Doussard l’aurait déjà annoncé à son conseil municipal. Elle va donc briguer un troisième mandat, elle qui avait pris la succession de Jean-Claude Deronzier, décédé en 2009, et avait été réélue en 2014. Avec l’intention « d’évacuer ce qui est pollué avec la vision politique ».
Michel Coutin joue encore la carte du suspens. Enfin, presque. « Je m’intéresse à ces élections », évoque le premier adjoint. Avant de préciser : « Ma décision n’est pas prise. Pas avant mi-janvier, fin janvier ». Après insistance : « je serai quelque part sur la liste ». Bien entendu, pas sur celle de la maire sortante.
Les Doussardiens devraient donc avoir le choix au printemps, au moment de mettre le bulletin dans l’enveloppe.
Quel bilan tirent-ils de ce mandat ?
Pour les deux élus, le mandat qui prend fin n’a pas été de tout repos. Et pas uniquement à cause des transferts de compétences et de la baisse des dotations de l’État depuis 2014. La seconde partie du sextennat a été marquée par une véritable scission au sein du conseil. Une moitié du côté du maire et l’autre vers le premier adjoint. Ce qui a parfois paralysé la commune dans ses décisions.
Avec le recul, si « ces trois ans ont été difficiles », Michèle Lutz préfère pourtant voir le verre à moitié plein. Elle revient sur les réussites comme l’aménagement de la plage ou le PLUI. Mais ce dont elle est « le plus fière, c’est d’avoir pu malgré tous les soucis faire avancer la commune avec tout le monde ». Donc le travail d’équipe plutôt que la guerre d’ego.
Même ressenti du côté de Michel Coutin pour qui le mandat a été « très difficile ». Surtout depuis le « 22 mai 2017 », date à laquelle la division a débuté suite au projet (finalement avorté) de rattachement avec Faverges-Seythenex, « sans en parler à quiconque ». Aujourd’hui, il ne ressent « pas de rancœur. On s’est retrouvé dans une situation où les uns ont pris une position et les autres une autre ».
Quelle est leur vision pour la commune ?
Elle est diamétralement opposée et elle dépasse les frontières de Doussard.
« Il faut mettre la commune au rythme de la vie d’aujourd’hui. La vie des gens a changé, ça va dans ce sens, estime Michèle Lutz, le regard tourné vers le voisin annécien. On n’a pas le droit d’être déconnecté de tout ça. Si on agit, c’est pour le bien de la population, pour leur apporter des services plus performants. Et sans vendre son âme non plus ».
De son côté, Michel Coutin pense qu’il n’y a « pas d’urgence » à se rapprocher du Grand Annecy. « La communauté de communes correspond à un territoire qui a encore des choses à faire ensemble avant ».
C’est une question majeure qui sera au cœur de la campagne électorale.
Lors des dernières élections municipales à Doussard, la liste de Michèle Lutz (dont faisait partie Michel Coutin) s’était imposée dès le premier tour face à celle de Marc Millet-Ursin. Elle avait remporté 54,94 % (839 voix) des suffrages contre 45,06 % (688 voix) pour son adversaire. À noter que l’abstention était de 35,35 % (870 inscrits) et le vote blanc ou nul de 2,60 % (64 voix).