C’était, pour reprendre les termes de Véronique Denizot, « un chaos auquel la ville n’est pas habituée ». Ces paroles fortes et fermes de la procureure de la République d’Annecy, prononcées lors des comparutions immédiates du 23 juin, faisaient référence aux scènes de violences qui ont conclu la Fête de la Musique à Annecy, deux jours plus tôt.
Cette soirée festive, qui aurait dû se clore dans la joie, s’est soudainement transformée en émeute visant les forces de l’ordre. Celles-ci ont été prises à partie par des insultes et des jets de projectiles par des jeunes, pour la plupart en état d’ébriété, devant Bonlieu. Jusqu’à 3 heures du matin, d’après les témoignages des riverains.
Cinq policiers avaient été blessés lors des affrontements. Ces actes à proximité du Pâquier ne pouvaient donc rester impunis.
Trois affaires distinctes
Mercredi 23 juin donc, quatre personnes interpellées comparaissaient, distinctement, suite à ces événements relayés par la presse locale et nationale. « Ce qui s’est passé est inadmissible, anormal. Il faut marquer le coup, insistait le Parquet, en début d’audience. Il y a une dimension pédagogique à avoir. Je souhaite que cette réponse pénale ne soit pas surjouée mais rapide et adaptée ».
Le premier appelé à la barre était un jeune de 18 ans, résidant chez ses parents à Doussard et scolarisé au lycée Berthollet. Le prévenu a demandé, le temps de préparer sa défense, un renvoi. Celui-ci a été accordé et fixé au 19 juillet mais il a été conditionné à un placement sous contrôle judiciaire. Ainsi, en attente de son jugement, le Doussardien, au casier vierge de toute condamnation, est interdit de sortie de domicile entre 21h et 6h, de participer à des manifestations sur la voie publique sur la commune nouvelle d’Annecy et de se rendre dans des débits de boissons.
Le deuxième dossier concernait deux amis, âgés de 19 et 20 ans, venus respectivement de Scionzier et de Thyez pour faire la fête à Annecy, avaient pris part à ces échanges musclés avec la police et la gendarmerie. Ceux-ci avaient été visés par des jets de bouteilles. Méconnus de la Justice, ils ont tout de même été condamnés à 100 jours d’amende à 10 euros ainsi qu’à 600 euros à titre de préjudice moral à chacun des trois policiers qui s’étaient portés partie civile.
Enfin, la troisième affaire de l’après-midi impliquait un jeune homme de 22 ans qui, bien après les échauffourées du début de soirée, avait insulté des agents de police, avait lancé une pierre en leur direction puis, ivre au moment des faits, avait craché dans leur véhicule après son arrestation. La justice l’a reconnu coupable et l’a puni d’une amende de 500 euros à titre de préjudice moral vis-à-vis d’un policier. En outre, il a été condamné d’une peine de 18 mois dont 12 avec un sursis probatoire pour une conduite en état d’ébriété le 20 mai dernier.