Chambéry: 30 ans de prison requis contre Nordahl Lelandais, son avocat demande une peine «ferme mais juste»

Me Boulloud est l’avocat des parties civiles.
Me Boulloud est l’avocat des parties civiles.

Un déroulé implacable. Pour cette dernière journée de débats au sein de la cour d’assises de Savoie, Nordahl Lelandais a fait face, sans réaction particulière, au réquisitoire de Thérèse Brunisso, l’avocate générale. Qui a donc, comme il en est l’usage, tenté de résumer les éléments mis en lumière tout au long de ce procès pour préciser l’accusation, et la peine qu’elle propose.

Sa conclusion est sans appel : le maître-chien de 38 ans mérite selon elle, la peine maximale possible par la loi en cas de meurtre, à savoir 30 ans de réclusion criminelle. « Je considère pour ma part que la gravité du meurtre commis par Nordahl Lelandais, que ses actions périphériques, et notamment la volonté de faire disparaître le corps de la victime, que les éléments de personnalité très défavorables, l’ensemble de ces éléments justifient une peine de 30 années de réclusion, avec une période de sûreté des deux tiers. »

Un homme « dangereux pour ses semblables »

Pas de doute, Nordahl Lelandais « est un homme dangereux pour ses semblables  », et le scénario de la nuit du 11 avril 2017, même s’il reste opaque, marque l’intention de tuer. « La déconnexion de ses téléphones, à 3h31 et 3h41, est-ce l’attitude quelqu’un qui est paniqué, qui vient de tuer malgré lui ? On est quelques minutes seulement après le meurtre ! », a martelé la magistrate. Qui avait évoqué en préambule la « violence inouïe  » infligée à la famille Noyer, celle d’avoir dissimulé le corps de la victime, qui n’avait été retrouvé que cinq mois plus tard.

Pour l’avocate générale, « le seul mobile qui peut être envisagé c’est la volonté d’avoir avec Arthur Noyer une relation sexuelle. L’accusé a une obsession pour la chose sexuelle, tout le dossier le révèle. (…) Pourquoi Nordahl Lelandais ne le reconnaît-il pas ? C’est peut-être par peur d’un effondrement psychique interne, par auto protection. Ou alors plus prosaïquement, s’il refuse de reconnaître son mobile sexuel, il sera contraint de le reconnaître pour les faits qui concernent Maëlys de Araujo. Il y a pour lui un enjeu considérable  ».

« Je vous prédis un très bel avenir dans le spectacle »

Plus tôt dans la matinée, l’avocat des parties civiles Me Boulloud a également fustigé l’accusé, au cours de sa plaidoirie. Dénonçant les différentes versions livrées par l’accusé, les confessions peu convaincantes à ses yeux, il lui a lancé : « Chapeau bas, après la prison je vous prédis un très bel avenir dans le spectacle ». « Arthur, lui, était plein de vie, jovial, blagueur, une boussole pour les autres. Il était pacifique, passionné par son métier, par l’armée qui était sa seconde famille ». Il demande aux jurés, qui devront se prononcer ce mardi soir, ou au plus tard mercredi matin : « Ne vous laissez pas entraîner sur une pente glissante, vous risqueriez de regretter une peine trop légère, Nordahl Lelandais a tué deux fois. »

Ensuite, l’avocat de Nordahl Lelandais s’est lancé dans une longue plaidoirie, pour tenter de redresser la barre. Et mettre l’accent sur les zones d’ombre qu ipersistent dans ce dossier. Décrivant son cleint comme « un homme et non un monstre », « une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, d’un côté il porte beau, il donne le change, il est présent pour ses amis. Mais à l’intérieur il y a cet homme qui se fissure, il est paumé, totalement paumé, il n’a plus aucun repère, il recherche sans cesse la mise en danger».

Pour lui, l’intention de tuer n’est pas caractérisée, ni la volonté de dissimuler le corps de la victime, « théorie fumeuse » développée ce matin par l’avocte générale. « La dissimulation du corps ne tient pas, Nordahl Lelandais a juste souhaité « se débarrasser du corps » de la victime. « Si on veut dissimuler on ne s’y prend pas de cette manière », citant même l’exemlple Michel Fourniret, dont certaines de ses victimes présumées n’ont pas été retrouvées.

Il a exhorté les jurés à ne retenir que les coups et blesuures ayant entrainé la mort sans intention de la donner, ce qui correspondrait alors à une peine moindre, à savoir 15 ans de prison. « En droit, les hypothèses, les suppositions portent un nom, ce nom c’est le doute. Vous n’êtes pas obligé de croire à la version de Nordahl Lelandais mais vous ne pouvez pas y substituer la vôtre, votre jugement doit reposer sur votre intime conviction et pas sur votre intime supposition ».

Les jurés se sont retirés pour délibérer vers 16h30, la cour devrait rendre son verdict dans la soirée ce mardi 11 mai.