Annecy : le gitan meurtrier condamné à 15 ans de réclusion criminelle

Le 2 octobre 2016 à Seynod, rue du Golemme sur un terrain vague, devant un camping-car, un homme issu de la communauté des gens du voyage armé d’un couteau a tranché la carotide de celui qu’il considérait comme son rival.

Un seul coup mortel pointé dans le cou sur 4 centimètres avec un Laguiole alors que la compagne du meurtrier se tenait entre lui et la victime. « Il n’aurait pas bougé, cela aurait été bien... », lâche l’accusé qui a toujours avoué « avoir planté le black à la jugulaire et que cela saignait énormément ».

« Il est mort pour rien »

« C’était un homme vrai ! », plaide Maître Anne Jung sur le banc des parties civiles. Elle s’attache à décrire ce jeune cuisinier saisonnier de 32 ans, venu à Annecy se changer les idées car très affecté depuis le décès de son propre frère et invité par un copain, lui-même compagnon de la sœur de la concubine de l’accusé. À son arrivée dans le camping-car, la veille du drame, il s’interpose dans un geste d’apaisement, entre celui qui ne supporte pas de le voir auprès de sa compagne et elle-même (c’était dans le contrat d’amour à la mode gitane) pour la protéger dans une embrouille.

Vexé, le maître des lieux reviendra sur le campement avec des acolytes cagoulés et munis d’une bombe lacrymogène pour en découdre. Sa rage est renforcée quand il découvre par la fenêtre sa compagne allongée dans un lit toute habillée avec celui qu’il prend pour son rival et ses deux enfants. C’est le lendemain, en fin d’après-midi qu’il revient, cette fois-ci alcoolisé et drogué pour accomplir le geste fatal et éclair à « celui qui est mort pour rien, il avait juste aidé une femme », souligne Maître Jung.

À la barre, la demi-sœur de la victime, brandit la photo de la victime devant les jurés. « Un homme aimé de tous, qui n’aimait pas la bagarre. Il était au mauvais endroit au mauvais moment. » Quant à sa mère, elle déclare : « On ne tue pas comme ça pour des histoires de femme, j’attends la vérité. »

« Jaloux comme un homme »

Au milieu du prétoire, Maître Marcel Giudicelli s’insurge contre les 15 ans de réclusion criminelle requis : « Il ne voulait pas toucher la carotide, il a donné un coup qu’il croyait sur la joue, et il est parti ! Il a remis le couteau dans sa poche et s’est laissé interpeller un peu plus tard. » Il ne manque pas de rappeler la frustration d’un homme mis dehors de chez lui en pleine nuit par un inconnu trouvé aux côtés de la mère de ses enfants. « Il était jaloux comme un homme, comme tous les hommes qui aiment une femme et pas comme un gitan ! »

La cour d’assises a confirmé les réquisitions et a condamné le meurtrier à 15 ans de réclusion criminelle avec une interdiction de port d’arme pendant 10 ans.