L’œil triste mais le verbe combatif, Jean-Luc Rigaut, le maire d’Annecy, a fait un point vendredi 15 novembre sur la situation exceptionnelle que connaît sa commune suite à l’incendie qui a ravagé l’hôtel de Ville jeudi 14 novembre. Pour l’occasion, il était accompagné du préfet Pierre Lambert et des responsables des sapeurs-pompiers. Voici ce qu’il faut en retenir.
La mairie va être fermée pendant deux ans
C’est l’annonce principale de ce rendez-vous. Jean-Luc Rigaut a expliqué que « la mairie était hors d’usage » et que par conséquent, elle serait « complètement fermée pendant deux ans », soit le temps estimé des travaux. « Les combles sont détruits, le quatrième étage est détruit, le troisième étage est détruit. Quant au rez-de-chaussée, au premier et au deuxième, ils sont dans un triste état. Il y a des dégâts des eaux partout, les plafonds menacent de s’effondrer, les murs coulent », a énuméré, la mort dans l’âme, le premier magistrat.
Et reconstruite de façon moderne
L’idée générale de la reconstruction, et le ministre de la Culture Franck Riester s’est engagé à y participer, sera de la refaire « belle comme avant », a promis Jean-Luc Rigaut. Comme avant certes, mais « plus moderne et plus fonctionnelle, afin de rééquilibrer les services qui y travaillent ».
« Cela risque d’être un travail long et compliqué, a complété le préfet Pierre Lambert, car c’est un site protégé et les travaux seront très lourds. Il faudra faire intervenir un architecte des bâtiments de France car certaines parties de la mairie sont classées. » Et de réclamer, dès à présent, de la « patience » de la part des Annéciens.
Le coût des travaux, lui, reste à déterminer, mais Jean-Luc Rigaut a déjà prévenu que « vu qu’on est dans du patrimonial, ce sera sans doute élevé : la peinture à l’or, ça coûte plus cher que la peinture classique ».
Les mariages prévus ces prochaines semaines vont pouvoir être célébrés
Pour célébrer les mariages programmés ces prochaines semaines, le Conservatoire à rayonnement régional (CRR) a été sollicité. Et validé par la procureur de la République. Vendredi 15 au matin, une première union délocalisée à déjà eu lieu à cet endroit. A priori, ce sera la norme pour les mois (voire les deux ans ?) à venir.
Quelques décès ont été enregistrés, pour leur part, salle Eugène Verdun.
Annecy a pu compter sur un énorme élan de solidarité
« Dès les premières minutes qui ont suivi le drame, j’ai reçu énormément de message de soutien, au moins 10 000 ! » assure Jean-Luc Rigaut. Dont celui de nombreux élus du département, mais aussi de certains ministres, du président du Sénat et même d’Édouard Philippe. « On s’est rendu compte que ça n’était pas la mairie de n’importe où qui avait brûlé », a lâché, ému, le maire.
Les instances locales ont également joué le jeu des m2. « La Caf, le Département, le Medef, les mairies déléguées… tout le monde s’est proposé pour prêter un open space ou des postes de travail », s’est réjoui le maire. Pour sa part, il travaillera ses dossiers en mairie déléguée d’Annecy-le-Vieux. L’élu a aussi remercié les sapeurs-pompiers et les services de l’État pour leur grande réactivité.
Quels services à quels endroits ?
Reste maintenant à déterminer quel service va aller à quel endroit (en essayant, autant que faire se peut, de ne pas les disperser). Normalement, ces arbitrages devraient être communiqués aux citoyens dès la semaine prochaine. « La difficulté majeure, a expliqué un technicien municipal, sera de mettre tout le monde en réseau et de créer une connexion informatique solide. Sans ça, personne ne pourra rien faire. »
Les pompiers n’ont pas terminé leur travail
Le contrôleur général Pascal Lorteau, directeur du Sdis de Haute-Savoie, a pour sa part rappelé les conditions dans lesquelles sont intervenus ses hommes et le travail qu’il leur reste à mener : « Nous nous sommes introduits dans une zone à fort potentiel calorifique (meubles en bois, dossiers, papier…) et c’était déjà très compliqué, surtout vu la structure particulière du bâtiment. Mais quand le feu a percé le toit, et s’est retrouvé au contact de l’oxygène, c’est devenu pire. Il y a eu ce qu’on appelle dans notre jargon un EGE (embrasement généralisé éclair) C’est pourquoi nous avons aussi – et surtout – lutté de l’intérieur, via les quatre cages d’escalier. » Désormais, en plus d’éteindre les derniers foyers résiduels, les sapeurs-pompiers vont aussi s’attacher à ôter l’eau des plafonds, et notamment celui du deuxième étage, car celle-ci « pèse très lourd ».
« Toute la nuit prochaine, et toute la journée de samedi a minima, nous serons encore sur place pour surveiller tout cela de très près », a ajouté le professionnel.
Et dans l’immédiat ?
Quand les pompiers libéreront les lieux et que tout danger aura été écarté, des échafaudages seront montés autour de la mairie pour poser des tôles sur le toit. « Faut mettre tout ça au sec pour l’hiver et étant donné que ça va durer un peu, mieux vaut installer des tôles plutôt que des bâches », a assuré l’élu.
Quid du spectacle de Noël projeté sur la façade ?
Jean-Luc Rigaut a confié sa volonté de le maintenir. « Il faut montrer que la vie continue, pour peu qu’il n’y ait pas de flammes dans le programme ! » Une dernière boutade comme un pied de nez au destin.